En plein cœur des nineties rugissantes, Darin Gray,
bassiste de son état, officiait au sein des par trop méconnus Dazzling Killmen,
comètes sans queue ni tête d’un
hard-core technique et anguleux, préfigurant
certainement ce qui deviendra par la suite la mouvance math-rock.
« Face of Collapse » est
probablement un des meilleurs albums cachés de la dernière décennie, certitude
partagée par un clin d’œil complice entre rares initiés. La suite se fait plus
nébuleuse : on retrouve les traces du pèlerin sans bâton au sein de
formations expérimentales telles que les
foutraques YouFantastic! et leurs albums schizophrènes, ou les plus éphémères
Brise-Glace, all-star band sur le
label arty montant d’alors, Skin Graft.
Puis plus rien. Un vide comme une
hibernation, si ce n'est l'inaperçu Grand Ulena pour qui s'obstinerait encore à
pister le bonhomme.
Il en va tout autrement de Loren
Mazzacane Connors, artisan reclus dans la pénombre de New York, cherchant
inlassablement à invoquer la substantifique moëlle des murs en béton ou des
halls de métro de la cité depuis plus de deux décennies. Armé d'une guitare,
parfois accompagné de la voix de sa femme, ses courtes ballades suspendues aux vagues accents de bleus à l'âme de blanc
ne semblent pas dévier de cette trajectoire qui semble auto-infligée.
Rencontre à la tangente, donc, de
deux taiseux qui s'entêtent à louvoyer
dans cette quête de l'épure ascétique et totale.
D'une, enfin deux guitares
délicatement amplifiées en mains, les complices de l'instant ténu parcourent de
vastes paysages désolés en tricotant d'hasardeux arpèges s’entrecroisant comme
perdus, nimbés d’une légère brume de réverb'. Un chemin de point de croix
introspectif, un de plus, en quête des quelques secondes du flash de cette
lumière blanche. Échos lointains, quelques soubresauts de déflagrations
électriques, de longs trémolos, et ces
notes orphelines posées en contrepoint harmonique. Du blues de chambre désaccordé
pour spleen total (ou galerie d'art désertée ??), les calmes assauts de l'un
enveloppant la timidité de l'autre.
Rien de très original au
demeurant, puisqu’à tout moment plane le
fantôme désarticulé d’un Maggot Brain ( ce looong solo des Funkadelic circa 71) revisité sans acide
lysergique, alors qu'on croirait précisément entendre la version erratique et
négative de Fripp & Eno qui du coup
en auraient gobé quelques uns en douce...
On s’envole, on surnage, bercé
d’incertitudes et de cette chaleur humide, la même qui se dégage des forêts
tropicales pendant la saison des
pluies... Juste au cas où il nous prendrait l’envie casse-gueule de les
survoler en avion, histoire de
s’autoriser un petit atterrissage en abstraction douce, perdu au cœur de la
canopée ..
C’est loin, le rock ?
L'Un
"This Past Spring" (Family Vineyard. 2001)
pour
les anciennes formations de Darin Gray, des extraits sur :
pour
Loren Mazzacane Connors :
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