mercredi 29 juin 2011

DARIN GRAY & LOREN MAZZACANE CONNORS : "This Past Spring"

En plein cœur des  nineties rugissantes, Darin Gray, bassiste de son état, officiait au sein des par trop méconnus Dazzling Killmen, comètes  sans queue ni tête d’un hard-core technique et anguleux, préfigurant  certainement ce qui deviendra par la suite la mouvance math-rock. « Face of Collapse » est probablement un des meilleurs albums cachés de la dernière décennie, certitude partagée par un clin d’œil complice entre rares initiés. La suite se fait plus nébuleuse  : on retrouve les traces du pèlerin sans bâton au sein de formations  expérimentales telles que les foutraques YouFantastic! et leurs albums schizophrènes, ou les plus éphémères Brise-Glace, all-star band  sur le label arty montant d’alors, Skin Graft.
Puis plus rien. Un vide comme une hibernation, si ce n'est l'inaperçu Grand Ulena pour qui s'obstinerait encore à pister le bonhomme.
Il en va tout autrement de Loren Mazzacane Connors, artisan reclus dans la pénombre de New York, cherchant inlassablement à invoquer la substantifique moëlle des murs en béton ou des halls de métro de la cité depuis plus de deux décennies. Armé d'une guitare, parfois accompagné de la voix de sa femme, ses courtes ballades suspendues  aux vagues accents de bleus à l'âme de blanc ne semblent pas dévier de cette trajectoire qui semble auto-infligée.
Rencontre à la tangente, donc, de deux taiseux  qui s'entêtent à louvoyer dans cette quête de l'épure ascétique et totale.

D'une, enfin deux guitares délicatement amplifiées en mains, les complices de l'instant ténu parcourent de vastes paysages désolés en tricotant d'hasardeux arpèges s’entrecroisant comme perdus, nimbés d’une légère brume de réverb'. Un chemin de point de croix introspectif, un de plus, en quête des quelques secondes du flash de cette lumière blanche. Échos lointains, quelques soubresauts de déflagrations électriques, de longs trémolos, et ces  notes orphelines posées en contrepoint harmonique. Du blues de chambre désaccordé pour spleen total (ou galerie d'art désertée ??), les calmes assauts de l'un enveloppant la timidité  de l'autre.
Rien de très original au demeurant, puisqu’à tout moment  plane le fantôme désarticulé  d’un Maggot Brain ( ce looong solo  des Funkadelic circa 71) revisité sans acide lysergique, alors qu'on croirait précisément entendre la version erratique et négative de Fripp & Eno  qui du coup en auraient gobé quelques uns en douce...
On s’envole, on surnage, bercé d’incertitudes et de cette chaleur humide, la même qui se dégage des forêts tropicales  pendant la saison des pluies... Juste au cas où il nous prendrait l’envie casse-gueule de les survoler en avion, histoire  de s’autoriser un petit atterrissage en abstraction douce, perdu au cœur de la canopée ..
C’est  loin, le rock ?

L'Un


"This Past Spring" (Family Vineyard. 2001)

pour les anciennes formations de Darin Gray, des extraits sur :
pour Loren Mazzacane Connors :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire