lundi 23 décembre 2013

ce qui n'a PAS été chroniqué en 2013... mais avait toute sa place dans ces pages...

HAXAN CLOAK : "Excavations".
La perle noire de l'année, entre Scorn et Imaginary Forces.
Sombres échos et manipulations miraculeuses. 



MIKA VAINO : "Kilo"
dans la même lignée qu'Haxan Cloak. En plus mécanique. Un travail chirurgical sur la matière.




RED FANG : "Whales & Leeches".
Leur 3° album attendu. Du rock pour velus... Du lourd. 




THEE OH SEES:
Une des perles, mais en pause pour quelques mois. en attendant l'album prévu en 2014...que l'on chroniquera si cela vaut le coup comme prévu!




TRUE WIDOWS : "Circumnambulation".
Shoegaze doom ? Joy Division vs 4AD ? Le pendant rock de Bohren & der Club of Gore.



TERMINAL SOUND SYSTEM : "A sun spinning backward".
De l'electro matinée de rock, de dub, d'ambiant, de jazz, de tout ce que vous voulez, et d'un
lyrisme certain. Encore une production du superbe label Denovali



NICK CAVE & THE BAD SEEDS : "Push the sky away"
ok, ok ok, c'est DU Nick Cave dont il s'agit... même si c'est un peu
mou du genou.




BERNARD PARMEGIANI : "De Natura Sonora".
une pièce majeure de ce trop méconnu musicien décédé cette année ...




SUUNS : "Images du futur".
un groove vénéneux en diable, une leçon de classe désabusée avec ce putain de son.
Effet de mode ou devellopement durable ?




WOODEN SHJIPS : "Back to land"
Peut-être que le dernier Moon Duo, le dernier White Hills,
le dernier Psychic Ills auront fait retomber le soufflé tant attendu.
Le born too late de l'année ? - petite déception...



MAIN (aka Robert Hampson) : "Ablation"
après tergiversations, on lui a  préféré la musique de Chris Abrahams (cf. # juin et septembre), moins connue et évoluant dans des contrées parallèles certes moins accessibles...



HEY COLOSSUS : "Cuckoo live life like cuckoo"
Complètement passé à côté, honte sur nous ! Redécouvert par le biais du blog SWQW. Leur heavy psyché motorik rock bouffe tout cru White Hills, Endless Boogie et MMoB (ci-dessous) réunis...




MASTER MUSICIANS OF BUKKAKE  (live in Paris 2013)
le meilleur concert de l'Un des Energumenes...




WEEKEND NACHOS "Still"
vous avez dit power violence


lundi 9 décembre 2013

HIGH WOLF : "freedom or death"



Alors littéralement,  on aurait donc  à faire à un loup.. euh… pas des plus ordinaires ?..
Ce grand solitaire là aura sûrement pas mal voyagé entre les murs de sa chambre, en écoutant tout plein de  disques, et on peut aussi gager qu’il aura pas mal voyagé de par le monde à la rencontre d’une tripotée de chamanes, pour nous faire tripper de la sorte à écouter ses disques  entre les murs de notre chambre. 
Ça fait un paquet de temps que  ce sous ce projet discrètement perché sortaient pléthore de parutions, tous labels (NotNotFun, WingedSun entre autre...) et  formats confondus (dont une mixtape sur secretthirteen.org) avec pour seul liant cette quête incessante de la transcendance gentiment bricolée. Sur ce dernier « Freedom or Death », une certaine radicalisation  s’affirme (même si le tournant s’amorçait lentement au fil de ses précédents opus) :  point d’extase sans une attaque polyrythmique implacable ; l’hypnose suivra, et  les enveloppes échoïques cotonneuses resteront reléguées au second plan. Un parallèle évident à faire avec les pionniers de la cracked everyday music des helvètes de Voice Crack (période  « Below Beyond Above », voire sur certains passages paroxistiques, « Asbestos Shake »,  leur collaboration avec Borbetomagus, monstres d'un snuff-jazz total, si si…) , même si High Wolf se garde bien de plonger à corps perdu dans les affres (de rigueur ?) de l’extrémisme sonore improvisé. Au contraire, ses manipulations denses, foisonnantes et parfois  frontales  se veulent à la fois ludiques et initiatiques explorant une myriade de jungles de synthèse sautillantes. A survoler  le cul rivé sur un tapis volant mécanisé en phase de rodage ; ce qui est d’autant plus rare.

« the man who has the soul of the wolf knows the self restraint of the wolf » (Gary Snyder).

l'Un.


HIGH WOLF : "Freedom or death" (ShelterPressRecords. 2013)
Le site du Loup. Sinon on peut écouter, télécharger ou acheter sa copie physique (format K7) par là
Sa mixtape sur le site Secret Thirteen



lundi 25 novembre 2013

WHITE HILLS : "So you're... so you'll be"



Une bande de chevelus new-yorkais décapés à l'acide de décoffrage qui ont du faire un sacré grand écart pour aller de la sorte faire trempouiller leur arpions dans les eaux glacées du lac Michigan tant leur space-rock chargé d’électricité sèche est empreinte de solos stoogiens (première période) digressifs et transgressifs en diable.
Et je crois que tout est dit, si ce n'est pas un peu réducteur pour un groupe qui officie dans l'ombre des arrière salles de Brooklyn depuis pas mal de temps. Septième album, leur précédent « HP-1 » avait sérieusement alimenté la machine à moudre l'ergot de seigle, les rendant vaguement fréquentables. Certes pas du plus original, le space-rock est un sous-genre under-underground qui aura connu pas mal de déclinaisons depuis la pierre d’achoppement des mythiques Hawkwind. S’il y a une parenté certaine avec leurs contemporains (un peu timorés) de Psychic Ills ou les (barrés) Moon Duo (et donc les proprets Wooden Shjips qui viennent de sortir un truc sympa-chiant…) qui auraient mérité quelques lignes dans ces pages, c’est cette intransigeance un peu surannée dans leur posture outrancièrement rock qui aura retenu mon attention rongée à force de doses massives de caféine vineuse : déflagrations de fuzz sous white light/white heat, brother, l’hypnose lancinante d’un psychédélisme râpeux et saturé entre un drone nourri au bruit blanc discrètement intercalé. De sérieux appels du pied vers Sonic Youth voire Chrome/Helios Creed, histoire de communier sous papier buvard abrasif. L’énergie cinétique est brute et incalculable, les lunettes, noires  aussi opaques que les œillères d'un pur-sang lancé droit dans le mur.

L'Un.

White Hills "So you're... so you'll be" (ThrillJockey. 2013)








mercredi 13 novembre 2013

Kirin J. CALLINAN : "Embracism"



Nick Cave 2.0 ?
Proto David Bowie ? 
Tom Waits stroboscopique ? 
Juste Kirin J. Callinan, nouveau en ville qui semble avoir la compulsive habitude de se regarder le nombril quand il n’est pas occupé à organiser ce crucial concours de bite qui le départagera enfin… Du premier (Nick), il en garde l’accent (et la nationalité), du second (mon vieux Dave), cette classe protéiforme, les saillies fulgurantes et la gueule d'empeigne n'appartenant qu'au suscité bonhomme, le vieux Tom trop occupé à régurgiter son mauvais vin.
Toujours marrant de voir ce genre d’escogriffe sorti on ne sait trop d’où (si, un groupe : Mercy Arms. 1 album, 2 ep's), un album solo à peine au compteur, et l’envie d’en découdre avec l’arrogance de ceux qui prétendraient le contraire. Il essaierait bien de nous effrayer dans son affirmation chancelante et surannée d’une masculinité écorchée vive, qu’il nous fait plutôt gentiment sourire. Sans ironie. De l’inique incertitude d’être né mâle dès son plus jeune âge... C’est sur ce genre de vitupérations que se construit là un album baroque, vénéneux et hanté où les ambiances aux structures complexes se télescopent , de la ballade au mauvais goût de variété à une idée moderne et dark du glam rock (une touche de Depeche Mode, une once de Bauhaus). Production  au scalpel tendue de bout en bout, arrangements anguleux enveloppés de ce son glacial parsemé de scories électrostatiques ; un bout de son âme forcément meurtrie qui se laisse saisir, perdu dans ces grands aplats de gris nuancé : la présence borderline de Kirin J Callinan exsude sur tous les morceaux, bestialité crue à fleur de peau cherchant la confrontation du mâle lambda en proie à ses doutes et angoisses récurrentes, chair  étrange. 
Chef d’œuvre orphelin auto-proclamé ? 
Coup de glaive classieux dans l’eau fangeuse ? 
Si ce putain de blog éditait un best-of de fin d’année à a la con, nul doute que l’animal y aurait la place qui lui revient de droit : celle du prédateur épileptique.

L'Un

Kirin J Callinan : "Embracism" ( TerribleRecords. 2013)

ses ep's précédents sur sa page Bandcamp

mardi 22 octobre 2013

BROU DE NOIX : "000"


On le suivait depuis un petit moment déjà, le Fred « DeNoix » Debief, bien appliqué à concocter ses élixirs électro-roboratifs planqué dans son home-studio. Il faut dire que le concept initial était frais (parce que dilettante ?) et légèrement teinté d’une aura (ici une pré-couche avant application ?) de secret : parution bi-mensuelle pendant 8/9 mois sur sa sympathique page Bandcamp de petits ep’s 3 titres au format digital, un visuel unique décliné sous toutes les nuances possibles, des nombres à 4 chiffres en guise de titre. La musique bricolée avec quelques synthés et surtout l’humeur du jour semblait relever du cabinet de curiosités foutraques aux conséquences aléatoires de plus en plus incalculables.  Quelques mois plus tard, l’idée était de produire un bel objet CD, histoire de donner un certain sens à tout ça. Si la souscription via le site participatif KissKissBankBank n’a hélas pas pu aboutir, le Fred en question ne s’est pas laissé aller à broyer du noir pour autant : l’album serait tout simplement  autoproduit.  
 Il y a quelques semaines de cela je recevais dans ma boîte à lettres un objet au visuel des plus sobres, judicieusement titré « 000 ». Remerciements de rigueur,  deux ou trois écoutes et quelques verres de mirabelle, et  je crois lui avoir écrit quelque chose comme « putaing c’est bien ton truc, mais ça va être la merde à chroniquer » (bon, okay, c’est un peu dramatisé là mais bon, hein). On laisse décanter jusqu’à la date officielle de parution.
(procrastination de rigueur)
Puis il faut bien s’y coller, à plonger les mains dans le brou de noix, donc ; c’est toujours mieux que de la mélasse. D’emblée, « 000 » est catchy.  Agréable, feutré et plaisant, et ce n’est en rien rédhibitoire. En fait j’aurais dû dire immersif,  le remarquable travail  de production n’y étant pas étranger : cette homogénéisation du son rend l’invitation au voyage plus aisée que sur les ep’s. C’est confortable, cette musique au  grain analogique fuligineux, où les références affleurent à peine évitant de la sorte de devenir de plates évidences :  l’orientalisme, avec ce  goût marqué pour les arabesques, le cinéma SF malgré lui, une certaine idée d’un rock noise, cold, indus ou autre chose, des notes épicées de kosmische Krautrock, de progressif, et (donc) de psychédélique. Une écriture affirmée et parfaitement maitrisée (l’air de rien surtout…) qui, sans renier les hasards de l’accident électronique contrôlé, donne à l’ensemble la cohérence vertigineuse d’une (anti) musique lounge en  pleine déréliction. Des reptations  insidieuses qui nous tiennent par la main évitant de la sorte la dislocation imminente :  le glissement vers de plus sombres univers opère au fur et à mesure que les repères s'effacent mollement. 
Confortable et immersif disais-je en substance ?
Ne reste plus qu'à se passer dans l’autoradio, par une nuit pluvieuse sur une autoroute déserte à slalomer entre les flaques d’encre opaques (autobahn...).

L'Un.


Brou de Noix : "000" (autoproduit. 2013)
l'album et les ep's sur sa page Bandcamp. Une longue et instructive interview sur le blog A découvrir absolument


mercredi 2 octobre 2013

JESU "everyday I get closer to the light which I came from"

JESU, c'était ce titre glacial qui clôturait le dernier album de Godflesh il y a une bonne douzaine d'années où Justin K. Broadrick grognait en substance « you’re fuuucked !! you've lost !! »… Puis cette longue diatribe infernale se muait en une jolie mélodie acoustique, fragile et maladroite, comme un retour au calme résigné. Un apaisement plein de doutes et une façon inattendue de clore près de 15 ans d’une implacable carrière enragée, et de paver de la sorte une voie charnelle et vibratoire pour la suite des aventures : JESU, projet bâtard et fécond de Justin K Broadrick depuis ces 10 dernières années qui en aura au passage perdu une lettre. Depuis le premier EP « Heartache/Ruined », une sérieuse poignée d'albums entre, l'actuel titre résume le chemin de croix de l'épopée au ralenti du projet JESU : malgré des réminiscences obsessionnelles dont la pesanteur engluée ne cesse de convoquer un passé jamais définitivement refermé (et pour cause, après quelques reunion-shows, on parle d'un nouvel album de Godflesh), un travail d'épure chargé de cette indicible mélancolie cicatricielle opère. Une transsubstantiation permanente comme un retour amer sur ce passé difficile à dépasser, où la colère laisse place à une résignation lucide et nostalgique. dans un air lourd et vicié duquel le corps flottant ne parvient pas à s’en abstraire. A l'exception d'un premier morceau où l'évidente quête de lumière troublée croise un tempo anormalement rapide, la suite se veut toujours ralentie et sursaturée, toujours aussi proche d'une extase contrariée par les fantômes électriques qui hantent les rêves des moutons androïdes. Avec cette petite touche inimitable d'un doux rêveur revenu du tout abrasif. Le nouvel évangile délivré de son enveloppe corporelle païenne sera sonique, dans un climat post-industriel délétère. Justin K. Broadrick ne cesse là d'emprunter de nouveaux chemins de traverse catatoniques  et insidieux avec ce regard faussement angélique d’un inquisiteur informatisé.

L'Un

JESU :  "everyday I get closer to the light which I came from" (AvalancheRecordings. 2013)
l'album en entier sur son label



un petit retour en arrière, là où tout a commencé :