lundi 24 mai 2021

Jac BERROCAL & RIVERDOG : FALLEN CHROME

Berrocal, Jac(ques), c’est une longue page gribouillée de la musique improvisée en  effervescence durant les années 70’s, où les acolytes et partenaires en crime d’alors se jouaient des styles et des frontières. L’impulsion du jazz qui se heurte à la noise d’un punk bancal. Riverdog, c’est 2 minots du Minnesota épris de toutes les musiques de traverse accumulées depuis ces dernières décennies, avec une forte inclinaison au DIY et l’irrévérence. La transition générationnelle est assurée. La légende prétend que la rencontre entre ces deux mondes à eux trois fut spontanée, la décision d’en faire quelque chose tout aussi rapide. En fait, Berrocal, a simplement contacté les deux gugusses, favorablement impressionné par leur travail. Fallen Chrome, c'est cette rencontre tellurique où l’exploration inouïe semble être le maître-mot de ce disque. Les rythmes se concassent, des échos sombres et puissants de paysages perdus trainent en arrière-plan et enlacent la poésie brute et incantatoire de Berrocal. Sa trompette, toute en échos rêveurs, traverse un brouillard analogique qui s’étire en particules ciselées. Chaque morceau offre une face différente d’un prisme orienté vers un ailleurs encore indompté.  Un disque de défricheur, de passionné en recherche permanente de ces univers sonores connexes et complexes, dont la beauté fulgurante effleure nos sens affûtés.

Le monde du jazz s’interroge souvent très sérieusement sur le sens de ce genre musical alors majeur jadis, et qui semble maintenant tiraillé entre les gardiens de la flamme et de la note bleue, et de timides acoquinements avec la modernité protéiforme. Avec ce genre de trop rare objet musical non identifié on tient une possible réponse, évasive et salutairement insaisissable…

 

 

 

L'Un.

 

Jac BERROCAL & RIVERDOG "FALLEN CHROME" (NATO. 2021)

 

mardi 11 mai 2021

ZAD KOKAR et les COMBI BEYAZ : Mold Grows

 

Sous cet étrange pseudonyme se cachent un strasbourgeois et une montréalaise qui sortent un 6eme album (sans compter deux lives et un disque d'inédits) grâce à un consortium de micro labels (noms ci-dessous).
De la côte est des États-Unis à l'est de la France, du début des 80's à maintenant, il n'y a qu'un pas. Batterie électronique au son mat, minimaliste, des sons arides, électroniques secs, des guitares nerveuses et répétitives, des morceaux courts comme des thèmes, des scansions, des slogans harangués, tout nous porte dans les résonances du No Wave. Ça expérimente mine de rien, humblement et sans tabous des cheap tunes très équilibrés dans leur sonorités et leurs développement. Le Lo-Fi comme être, et non comme outil, s'égare pourtant de temps à autre comme une fanfare sous acide : la temporalité s'estompe, les sons traînent et se déforment comme dans le titre éponyme de l'album, Mold Grows, « la moisissure pousse ». idéal pour un début de journée de farniente, ou une soirée trop chargée, affalé dans un canapé auquel il manquerait quelques ressorts...Le « Sérotonine » plus que langoureux, déviant, construit sur des répétitions de sons acoustiques bricolés, s'égrenne une voix chancelante qui marmonne que celle-ci est dans son cerveau, jusqu'à ce que le morceau suivant déchaîne un riff de guitare pour nous récupérer, Goz of Kermer, Ex, et consorts sont convoqués durant trois jours d'enregistrement d'urgence. Plus qu'un avatar, c'est une des têtes de l'hydre de l'est très foisonnante (AH Kraken, les"Normal", Ventre de biche, Feeling of Love, Scorpion Violente, Noir Boy George...)

 

L'Autre

ZAD KOKAR et les COMBI BEYAZ : Mold Grows (PetiteNature/AnimalBiscuit/PouetSchallplatten/KakakidsRecords/1000Balles & UrinGargarism. 2021)