dimanche 16 avril 2017

HORSEBACK "Dead Ringers"

Bienvenue dans le meilleur des mondes mes amis.
On est pas bien là, affublé d’une peau de bête et enfin débarrassé de sa veste à patches et à clous ?
La plongée est étonnamment  champêtre et apaisée, délaissant même les packs de 24 kros à l’orée de la tendre forêt.
Si Horseback aura initialement fréquenté des territoires connexes marécageux, à louvoyer de la sorte aux marges poreuses du black-métal, du drone et de la fée électricité, de fortes doses de kraut-rock étaient également insufflées au bouche-à-bouche dans les poumons de la Bête atone. Les germes d’une motorik hébétude se sont tranquillement épanouis à l’ombre.
La digression s’impose tant le parcours en forme d’épithète « post » et « prog » de Jenks Miller (aka Horseback, hein…) résume à elle seule l’ouverture d’une certaine frange métalleuse des plus aventureuses vers des terrains lointains. Des partis-pris parfois radicaux,  qui en aucun cas ne se contentent  de rester cantonnés dans les codes en vigueur d’un genre pourtant riche et ramifié. Musiciens blafards en quête de lumière opacifiée qui savent bien que leur salut passera inévitablement par une transe païenne, sombre messe sans objet, le Divin se cachant dans la lumière pâlotte de détails enfouis :
- c’est le drone incantatoire de Sunn O))) qui n’hésite pas à convoquer les fantômes de Coltrane (dans le tellurique "Monoliths & Dimensions").
- c’est la pulsation du rock claustrophobe d’Aluk Todolo.
- OM qui se rejoue la section rythmique dépouillée de Black Sabbath en version syncrétique
- c’est la quête allumée et aboutie de Dylan « Earth » Carlson, délayant son vrombissement électrique claustrophobe dans de vastes paysages cinématiques.

Au fil des opus de Horseback la progression se veut lumière, évidente perle noire de sa quête. Le Yin et le Yang, entre  Half Blood (ou l'inaugural "Invisible Moutain") alors encore englué dans ses larsens vocaux  et le trip lysergique de ce Dead Ringers.
Reste un squelette à habiller.
Les mêmes gimmicks, simplement dépouillés de distorsions et beuglements râpeux des vilains jours. Quelques percussions rituelles en plus, noyées dans des feedbacks perdus : la vision se veut chamanique. Bourdonnement attendu qui se transforme en séance d’hypnose à la  polyrythmie réglée, fraiche et sans chausse-trappe .
… C’est Terry Riley, en proie à de sinistres convulsions électriques qui rencontrerait un Hendrix enfin mis au vert.
L’invitation se veut tout aussi honnête qu’elle est épileptique. La chevauchée, bâtarde et sublime.
One for the money,
two for the show,
three for the (wide) open-space.  


L'Un.

HORSEBACK "Dead Ringers" (Relapse. 2016)


Half Blood, donc...