samedi 24 juin 2017

Steve RODEN "A Thousand Breathing Forms" 2003 - 2008


En moins d’un an, le label bordelais Sonoris remet le couvert après la  parution de « Every Colors Moving » somptueux coffret d’inédits et de raretés couvrant les débuts de Steve Roden. Entre, bah… pourquoi ne pas s’offrir un petit luxe (fou) avec l’édition dans la foulée d’un format similaire pour un hommage appuyé aux drones bricolés du tout aussi discret Kevin Drumm.
Avec « A Thousand Breathing Forms », la boucle sans fin de l’artiste californien se prolonge indéfiniment. La période observée se resserre comme un nœud de cravate : cinq ans seulement, qu’illustrent en parallèle les 6 cd’s (+ 1 le mini cd de la série limitée « Stars of Ice »). Une période prolifique pendant laquelle Roden affirme son style, pointant de possibles directions, se saisissant de n’importe quelle opportunité d’un immédiat environnant à transcender : ici, un banjo trafiqué, là un jouet pour enfant, des voix souvent, sa voix surtout, discrète obsession. Bruits parasites de voiture issus d’un nébuleux périple. Toujours, mise en boucle au déroulé diaphane et déphasé qui s’insert confortablement dans le plus indicible de notre quotidien. Une stratégie ovale faute d’oblique à revendiquer.  Une intimité subtile comme le léger cliquettement  de précieuses horloges suisses qui se désaccorderaient au fil du temps.
Les morceaux collectés constituent une trajectoire parallèle, un carnet de notes et d’anecdotes de la période couverte, lorsque le coffret précédent mettait davantage en résonance les explorations et expérimentations de l’artiste. Avec la discrète intranquillité des choses fugaces et fuyantes.
Déjà, on se surprend à rêver d’une suite presque indigeste. Un autre probable coffret résumant une époque plus récente.
Un pari fou. Un cercle minimal, organique et sans fin.


L'Un.

Steve RODEN : "A Thousand Breathing Forms" (Sonoris. 2017)




dimanche 11 juin 2017

OISEAUX TEMPETE "Al-'An - الآن (and your night is your shadow / a fairy tale / Piece of land to make our dream)"

Pas grand chose à dire, (parfois) comme le plus beau des compliments : le trio volatile boucle la boucle autour de la mare nostrum  au lieu de tourner en rond après ce long vol planant ponctué de turbulences.
La trilogie se fait évidence.
Toujours un peu plus à l’Est de soi, à poser ses ailes cramées aux portes d’un Orient révolu en bute à ses propres doutes et contradictions.
Beyrouth. Tensions. Tumulte.
Plongée au cœur de ce côté du monde, juste à côté ; qui fut un jour le centre du monde connu. Survol d’une ville en déroute, carrefour d’un monde en berne s’abreuvant des échos tourmentés de l’Histoire.
Al-‘An, un cri sourd, alternant entre manifeste désabusé, et micro-trottoir militant.
Cette volonté d’en découdre lorsque la musique s’égare en volutes et se confronte à la voix de la rue. Les rencontres sont fébriles et fugaces. Les collaborations sont entières et erratiques, à l’écoute de l’Autre. Les rythmiques se veulent plurielles, la guitare plus aérienne que jamais, à digérer de la sorte sonorités ambiantes et arabesques. Les cadres éclatent, les musiques se brouillent et se télescopent, sans emphase aucune.
Juste, un sentiment de lassitude, immense et enveloppante qui affute les instruments et aiguise l’acuité d’un engagement poétique sans faille et sans cesse.
Troisième volet exigeant en forme de longue litanie d’un groupe à la trajectoire des plus passionnante et sincère.

Flirting with disaster, embarquement imminent.


L'Un


OISEAUX-TEMPETE "Al-'An - الآن " (SubRosa. 2017)