mercredi 14 août 2019

Oren AMBARCHI : "Simian Angel"


Au vu de sa très sérieuse addiction aux (poly)rythmes hypnotiques, une collaboration avec les percussions « ouvertes » du brésilien Cyro Baptista s’imposait certes et ne surprendra guère l’auditeur habitué aux récurrentes obsessions du guitariste australien, lui aussi ouvert aux vents contraires.
Mais Oren Ambarchi a décidé qu’ils exploreraient le flou assumé d’autres territoires plutôt que d’enfoncer à nouveau les portes ouvertes par les précédents superbes d’un Quixotism ou autre Hubris. Pourquoi alors ne pas laisser s’effacer les tempi fuyants cette fois-ci, en les noyant de dissonances ambiantes et lumineuses. Deux pièces relativement courtes (+/- 20mn), qui posent le propos sans s’affirmer. Stratégie de l’évitement, lorsque les rythmes de Baptista se limitent à de simple pulsations ou patterns rythmiques en trop discrets pointillés. Mélancolie inattendue de notes de piano éparses et mineures, en écho contrarié à des nappes intrigantes et évanescentes d’une guitare trafiquée ou d’un orgue Hammond non-identifié. Une musique aquatique de murmures et entrelacements de flux continus. Le temps suspendu n’est jamais loin, l’heure bleue point à chaque instant répété comme un rituel insaisissable.

Plus charnelle que ses préoccupations ambiantes des débuts (on pense à Triste, Suspension ou Grapes from the Estate…), de loin une des expériences immersives les plus intimes qu’Oren Ambarchi nous ait livré. Flottance chaleureusement inaboutie.


L'Un 


Oren Ambarchi : "Simian Angel" (EditionsMego. 2019)