mercredi 22 janvier 2014

SIMM : "Visitor"


On va saluer cette nouvelle parution du label Ohm/Resistance, que les Energumènes soutiennent depuis leur débuts.  Prometteur dans le genre confiné des musiques électronique, tendance dure et comateuse, son activité a connu un net ralentissement entre autre à cause des récents déboires de son boss Kurt « Submerged » GLUCK. Depuis quelques temps, l’hydre infatigable renait de ces cendres de phénix et nous propose entre autre ce petit dernier et inespéré avatar d’Eraldo BERNOCCHI.
Membre du légendaire mais inconnu collectif Sigillum-S qui éructait ses litanies industrielles et climatiques dans les années 80’s  pionnières propices à ce genre,  c’est avec ses collaborations récentes avec Harold BUDD (« Music for fragments from the inside », chroniqué par l’Autre) et Mick «Scorn» HARRIS sur "Total Station" que j’aurais rencontré le bonhomme. Ignorant son passé des années ténébreuses, celui-ci me paraissait être le parfait collaborateur ou sparing partner, épousant la quête de sérénité d’un BUDD, mais  adoucissant les tendances les plus sombres du sieur HARRIS, révélant même un aspect presque guilleret (tout est relatif) dans sa musique. Avec « Visitor », nul doute que l’ombre de ce dernier aura déteint sur BERNOCCHI : on nage là dans les chasses gardées d'un songe marécageux.  Plongée post-indus monstrueusement dubbée, comme une impasse en boucle. On surnage avec cette originelle délectation dans cette gangue  de laquelle il est difficile de s’extirper. Sub-basses amples, rythmes claquant en boucles appesanties,  quelques notes d’un piano aérien s’opposant aux échos crépusculaires. Et ainsi s’écoule une fangeuse journée d’hiver nimbée d’une horreur somme toute domestiquée, le nez dans la ligne de flottaison des nuages.
Sans pour autant prétendre à lui gauler la flamme, Bernocchi nous livre là ce genre d’album que tout fan endeuillé de Scorn n’aurait osé espérer (et que tout honnête supporter du label Ohm/resistance est en droit d'exiger)

Slight return

l'Un

SIMM : "Visitor" (Ohm/Resistance. 2013)
tout est LA ! (ou là >>)


lundi 6 janvier 2014

GENTLEMAN LOSERS : "Dustland"

Disque de chevets multiples, jamais vraiment redescendu d'ailleurs, d'ici ou d'un ailleurs rêvé. Aucune date de péremption pour rappeler à son bon souvenir un disque intemporel sorti dans l'anonymat confidentiel d'un micro-label, même si la presse d'alors avait repéré l'ovni.
Le duo finlandais de frangins récidivistes (un premier album éponyme difficilement trouvable pendant un temps ) déballe sur le moelleux de son lit d'enfance toute une artillerie d'instruments datés, à la manière de tueurs en série en costume de doux rêveurs : du Fender Rhodes, des Tele/Stratocaster, une basse ou une lap steel, des vieux synthés-boites à rythmes, guitares classiques, un vibraphone, un Mellotron, le Glockenspiel, ou ce vieux kit batterie Slingerland. Douce torture.
Les joutes à 4 mains avec pareil attirail résolument vintage laissent présager en filigranes des sonorités chaudes et granuleuses, qu'un bon vieux 4-pistes analogique en home-recording saura magnifier. Avec un flouté de guingois qui rappelle les Montres Molles de Dali, c'est un tricotage d'arpèges climatiques mêlé à des boucles de ritournelles sabordées qui se développe dans un ralenti comateux. Les éléments rythmiques restent épars et discrets, ne venant en rien casser la douce narcose qui prend place. Tituber, enveloppé dans la luminosité boréale d'une journée qui s'étire et se confond, à contempler de rares percées lumineuses d'un paysage de grands espaces (grisâtres) derrière la fenêtre (poussiéreuse) de son salon (vieillot) dans un vieux fauteuil en cuir (déglingué), un verre (paresseux) dans chaque main. Ce début de 21° siècle est ainsi fait, morose et indécis, certains s'en nourrissant dans leurs intimes retranchements, capables de nous pondre « ça » - de la belle ouvrage.

L'Un


GENTLEMAN LOSERS : "Dustland" (CityCenterOffices. 2009)
site du groupe et un leur page Soundcloud