mardi 25 février 2014

HEY COLOSSUS : "Cuckoo live life like cuckoo"



Mais quel con.
Un verre de vin dans la main pour éviter que les bras m’en tombent,  le disque passe dans les enceintes chez un pote, et je reste là à me demander comment on peut passer à côté de ce truc monolithique et abrasif à l’époque de sa sortie. On mettra ça sur le compte de mini-enceintes d’ordi. faiblardes.  Plus trop le choix pour dormir la conscience tranquille (et arrêter de se repasser ce Golem en boucle dans la piaule) : plonger les mains dans les vitupérations d'un smegma hurlant qui exhale un lourd parfum coupable de tous les excès noiseux des années  90’s.

Avec 6 ou 7 albums  au compteur, les 6 ou 7 loustics de Hey Colossus ne font pas précisément  figure de « nouvelle sensation du moment » si chère aux médias britanniques que je croyais tout juste bons à enfoncer des manches à balai dans le fondement de la pop (au moins sait-on maintenant qui les enlève). Cette persistance  qui relève de l’acharnement forcené commence à payer, ce fantasque « Cuckoo live life like cuckoo » les extrayant (à peine) de cet anonymat de rigueur qui sied tant à pléthore d’aspirants bruitistes : on est passé là de la chape stoner-doom plombée des débuts, à un truc tout aussi lourd, vicieux et hypnotique, une vague coloration psyché-bluesy rendant l’ensemble plus fréquentable. D’emblée Hot Grave balance un groove opiniâtre martelé, tandis que l’air se raréfie sous la casquette du chanteur possédé. Une prise en main ferme, par les testicules, dans un mouvement de torsion lent et progressif. On régurgite sa bile, alors qu’ « Okktave Dokkter » ralentit encore la charge avec un riff de basse à la Shellac tournoyant au milieu des nappes de voix et de synthés englués. Si la suite se perd dans une rythmique psychédélique de plus en plus appuyée (dérangeant contrepoint vocal sur « How to tell time with Jesus »), le dernier « English Flesh » nous offre le privilège du spectacle  de notre triste délivrance comme une descente sans fin et faussement apaisée en forme de requiem cosmique. 
Pas tous les jours en ces temps de mornes plaintes prédigérées qu’on a l’occasion de se prendre une bonne giclée vicieuse  et hallucinée d’un rock pouilleux à l’excès, à équidistance avec Penthouse, les Swans et the Oxbow qui auraient bouffé tout cru du pâle Wooden Shjips au petit déj’ : « Careful with that axe, Eugene »…

L'Un

HEY COLOSSUS "Cuckoo live life like cuckoo" (MIE. 2013)



mercredi 12 février 2014

CHARLEMAGNE PALESTINE + Z'EV : « Rubhitbangklanghear Rubhitbangklangear »,


Deux figures historiques de la musique minimaliste et percussive se retrouvent autour d’un rack de carillons de messe (des cloches quoi…), d’énormes tambours taillés dans la peau de la Bête, quelques percussions additionnelles et deux verres de cognac (pour le tintement), dans un potlatch appliqué qui tient autant du gamelan moyenâgeux que d’un rituel sombre et rigolard. Pour rappel, Stefan Joel Weisser, clope au bec, s’amuse à taper sur ses bambous métalliques sous le pseudo de Z’EV. Il a trop souvent été classé dans les pionniers de la musique industrielle alors que son art relève plus de la transcendance et du mysticisme. CHARLEMAGNE PALESTINE (aka Charles Martin), lui, fait tinter, vibrer et entrer en résonances cloches, orgues ou pianos jusqu’à une hypnose extatique ou régressive qui ravira les fans de Terry Riley ou La Monte Young. Sur scène, l’animal accumule les ours en peluche totémiques (et franchement régressifs…). Toujours en quête de collaborations fructueuses,  ces deux-là se connaissent depuis une bonne vingtaine d’années, auront même croisé les fers sans pour autant avoir laissé traces de leurs ébats dans leurs discographies. SubRosa, label inspiré à la ligne éditoriale impeccable et fortiche, comble cette lacune et nos attentes avec ce superbe « Rubhitbangklanghear Rubhitbangklangear », album de duos qui prend le temps et l’aisance de se prolonger en solos sur le deuxième cd. 
Hypnose schizophrène comme postulat de base : chaque note ou percussion respective se répond à elle-même avant de répondre à l’autre. Faux dialogue de sourd qui fusionne en un agrégat de flux harmoniques obstinés et contrastés. Au carillon éthéré à la régularité faussement binaire correspond en négatif un sourd grondement erratique et tribal. Fusion du cristal de forge et des entrailles animales du sorcier, quand profane et sacré font corps. Si les cloches de CHARLEMAGNE PALESTINE varient dans l’attaque, la rythmique et la tonalité au fil des 3 duos du premier cd, Z’EV fait successivement résonner, frotter ou vibrer ses peaux enveloppant le métal frappé d’une nappe poisseuse et tourbillonnante. Musique de bourdonnements, là où certains s’escriment (encore) à titiller un drone faiblard. Musique de transe, là où d’autres se heurtent à un état de stase stérile. Musique puissamment physique, et organique, là où la plupart se cantonnent à contenir la leur dans un disque dur aseptisé.
Monumental.


L'Un

Charlemagne Palestine + Z'ev : « Rubhitbangklanghear Rubhitbangklangear » (SubRosa. 2013)





mardi 4 février 2014

Mixtape 1, Janvier 2014

Et oui, la surprise dont nous parlions en fin d'année, c'est une heure et sept minutes de sons que nous aimons, que nous avons dans nos tiroirs et que nous souhaitions non seulement vous faire partager, mais aussi à cette occasion, les confronter les uns aux autres, les assembler, les triturer, les superposer.
Alors dans une perspective ludique, nous allons dans un premier temps vous laisser écouter et puis vous soumettrons quelques noms, pour un premier pas dans les nébuleuses noise, indus, hip hop, prog rock, electronique, concrets, fieldrecording, b.o., et j'en passe, vous n'imaginez pas.
On l'a, à juste titre et sans recherche particulière, baptisée "1", cette mixtape, terme éphémère pour parler d'un mixage ludique et curieux qui on l'espère vous ravira, les enceintes bien poussées, un verre de vin (ou autre) dans la main, et le sourire en coin.
Ecrivez nous, envoyez nous vos suggestions et vos réponses quant à l'origine de tous ces sons, si l'estomac vous en dit!
lesenergumenes@gmail.com
et likez la page FB: on poste regulierement (ou non) des choses dessus!