vendredi 29 juin 2012

Junkcore Jazz Quartet: Experimental Music for Women

Déjà, c'est sorti sur le label HAK lofirecord dont le travail depuis plus de 10 ans ne dépareille pas d'une exigence axée sur la démarche DIY, sur l'ouverture des influences, sur l'absence de frontières et de limites, et sur l'utilisation de matériels et d'instruments inédits. Au croisement de chapelles dont nous tairons les noms car elles n'ont pas ici d'intérêt ni d'existence, ce petit monde expérimente, croise les savoir-faire, improvise. le résultat bien que diversifié a une profonde cohérence. J'en ai déjà parlé lors d'un des premiers articles sur ce blog (collectif-hak).
Le mystérieux collectif Junkcore JQ nous emmène sur des territoires africains par le biais d'enregistrements savamment retravaillés, filtrés. Ce sont des cartes postales de paysages lointains, pourtant étrangement familiers. Le travail de transformation, d'altération, au lieu de donner une étrangeté, créé une familiarité par le biais des signaux sonores que les machines se sont réappropriés. Un exemple par ce qui semble être des chants, lointains relents d'une existence humaine, par delà un souffle variant, suggérant une houle, ou le vent dans des branchages. Les ambiances se succèdent tout au long de ce petit parcours très zen, dont on savoure les résonnances à chaque instant.
C'est un disque précieux comme il en sort encore loin des calibrages bien préétablis. C'est le genre de disque où l'humanité transpire à chaque note, créant un lien entre la source, le capteur et l'auditeur. Petit fil ténu s’immisçant au creux de l'oreille pour vous permettre de partir loin en quelques instants par la malice des mélanges de nature et de bruits de fêtes par exemple sur le Forest Awake...
Reste que le titre parlant d'attribution de ce disque aux auditrices féminines est un pur mystère...
Il faudra demander au porteur de ce projet Piter De Vries (presque homonyme de l'écrivain nord américain et total homonyme d'un personnage de Dune aux sourcils abondants) qui tient le site META AFRICA, ce qui lui est passé par la tête. Son travail de collecte et d'hommage mérite un petit tour sur la toile. Après avoir téléchargé gratuitement et légalement l'album avec le lien ci-dessous.
Pour terminer, mention spéciale à la balade sur la plage 9 qui inclus au bout de 30 min d'écoute du disque, un piano dont les notes s'enlacent autour des rythmes enchevêtrés eux-mêmes de plusieurs objets percussions.

L'Autre


téléchargement de l'album HAK 234 sur Archive.org: JJQ_Experimental MFW

vendredi 22 juin 2012

Z'EV & David MARANHA : "Obsidiana"

Z'EV ? Encore un truc pour initiés ? Quelques décennies déjà que Stefan WEISSER, pour une grande partie de son travail, tape, frappe, frotte et transcende les métaux en tout genre, se défendant toutefois d'être assimilé à la scène industrielle. Et ça fait pas mal de temps aussi que David MARANHA officie dans l'ombre, notamment au sein d'OSSO EXOTICO. Rencontre métamorphique au plus près de l'abîme de deux performeurs repoussant les limites du clair-obscur.
Le présent cd retranscrit une prestation live donnée à Lisbonne en juin 2010.
Z'EV utilise une panoplie réduite de percussions, à savoir des maracas, un tambour basse et divers disques en acier inox, tandis que David MARANHA dispense chichement des accords d'orgue Hammond bien calés dans les graves saturés.
Un tel dispositif peut paraître spartiate et les possibilités restreintes, mais ces deux là ont suffisamment d'expérience à leurs compteurs respectifs pour passer de la simple démonstration de puissance brute à quelque chose qui flirte avec la transe mystique . Il suffit d'accepter la main tendue.
Sans détour ni affèterie, rentrer de plain -pied dans le son, les pièces de métal frappées avec toute la solennité de ces gongs orientaux. Il suffit de frapper : les harmoniques suivront... Comme un travail de sape, avec un entêtement robotique, Z'EV installe le cadre de la sorte. C'est à partir du moment où il transfère toute l'énergie incantatoire ainsi accumulée sur les tambours basses, que la densité rugueuse et statique de l'orgue Hammond de MARANHA prend toutes sa force, vibrations sales et entêtantes. Crescendo de crépitements à l'éclat sombre qui se densifient avant de fusionner dans un magma rituel paroxystique.
Le morceau s'arrête (trop) brutalement.
De rouvrir les yeux, aveuglé par la lumière du jour.
Hébété et hagard.
34 minutes de voyage au cœur d'un haut fourneau.

L'Un

Z'EV & David MARANHA : "Obsidiana" (Sonoris. 2012)
un EXTRAIT de la performance sur le site du discret et avisé label Sonoris.

Site de Z'EV
Site de David MARANHA 

mardi 19 juin 2012

Ben Russell / Lightning Bolt

Film documentaire dans un premier temps, Black and White Trypps retransmet une ambiance concert comme nombre de preneurs d’images et de sons s’y attèlent. Son dispositif minimaliste, faussement minimaliste, met en lumière ce qu’il se passe dans le public avant tout par un plan fixe qui laisse libre cours à nos yeux pour s’imprégner de l’ambiance. On y voit par le jeu d’un spot fixe lui aussi, un halot de lumière qui fait apparaître les visages aux regards attentifs des spectateurs. On y découvre le recueillement du public des Lightning Bolt, duo de Rhode Island aux Etats-Unis durant le jeu d’un de leur violent morceaux : une rythmique folle, carré et précise, agrémentée d’une mélodie simple en boucle qui fait monter la pression. La batterie et la basse sont plus que rodées, la voix rauque du batteur déferle au mileu des distorsions.
Puis au bout de 5 minutes, le réalisateur procède à un ralenti d’images et de sons qui nous permet de percevoir avec précision ce qui se passe dans le public : un abandon. Ce qui nous apparaissait dans un premier temps comme du headbanging devient par le découpage du ralenti de la transe. Les visages montrent des regards perdus. Des gens pressés les uns contre les autres, qui se donnent à la musique, qui s’oublient collectivement pour être autrement. Chacun ressent pleinement ce qui est en train de se passer car chacun donne l’impression de participer en faisant corps avec ce qui se passe. Plus d’action, mais de la réaction aux vibrations. C’est purement fusionnel.
et puis jusqu'à la fin la vitesse va ralentir encore et encore jusqu'à ne plus être rien qu'un murmure, puis un résidu de souffle; un souffle interne. époustouflant!

Magique comme du Jean Rouch et ses « Maîtres Fous » qui suit des transes rituelles au Mali. Ben Russell est un documentariste hors normes, hors sentiers battus, preuve en est ici, en montrant l’à priori « in montrable ».
Les Lightning Bolt permettent cela, et par chance un groupe français tend aussi à favoriser ce ressenti en live, c’est le duo Pneu (écoutez le cd Highway to Heath). Ils jouent beaucoup, vous aurez donc la possibilité de les voir, et ils prévoient une suite à leurs deux albums. A suivre donc. Car les Lightning Bolt sont eux en pause. Vous pouvez juste vous faire plaisir en découvrant le documentaire et les lives sur le dvd Power of Salad sur Loadrecords.
bonnes balades avec les liens ci-dessous.

L’Autre

Le doc  de 10 minutes:


vendredi 8 juin 2012

JESUS IS MY SON : " 1914-1918 "


Derrière JESUS IS MY SON, ne se cache pas un vieillard barbu perché sur un nuage et outré de voir sa Création partir en sucette, mais simplement Grégory DUBY, accompagné de sa guitare seule.
1914 – 1918, titre emprunté au patrimoine mondial d'une humanité en souffrance, est un formidable casse-gueule : on sait qu'on risque de s'embarquer dans un univers chromatique privilégiant toutes les nuances de gris, tandis que le père du Jésus en question ne s'accorde guère de marge d'erreur, la ligne rouge du péché d'orgueil n'étant jamais très loin de la ligne de mire. Pour tout purgatoire n'existe alors que le grand oubli de la petite histoire ou le flop commercial d'un projet par trop emphatique. Mais c'est en toute humilité que Grégory DUBY nous propose une image distante, posée et très personnelle, en parfait contretemps avec le tumulte de cette Histoire. Pas de fresque grandiose ou d'atermoiements baroques, mais plutôt une délicate frise tout en introspection, qui nous fait partager ses doutes. Grégory DUBY s'appuie sur le vide, la vanité et la désolation qu'ont laissé l'époque et la folie de ses belligérants derrière eux, pour poser des notes orphelines avec toute la retenue de celui qui s'interroge au lieu de chercher à dénoncer.
Musique de tensions alternant avec le silence et ce qu'il y a, entre, accompagnement silencieux et absent.
Musique sépulcrale évitant toute aridité à l'aide d'une production aux tons chauds.
Goût amer de requiem dans la bouche ; on n'est jamais très loin d'un champ de bataille possible.
Il y aurait bien eu une ou deux comparaisons, et très flatteuses, mais on va les taire, afin de ne pas se gâcher le plaisir d'apprécier une œuvre qui s'élève bien au dessus de la boue actuelles des musiques retranchées.
Bien après l'écoute du disque, murmures et résonances discrets planent dans l'espace environnant. Histoire de se souvenir... 

L'Un

JESUS IS MY SON : "1914-1918 " ( FF HHH. 2012)
site de JESUS (ouais !!!) ; l'album en écoute ICI

mercredi 6 juin 2012

Un point sur la route


Au détour d’une course effrénée qui dure depuis quelques mois, posé devant l’écran (car depuis quelques années l’écrit se pratique plutôt sans encre), je me remémore les dernières choses écoutées attentivement et qui ont pu me toucher.
Car l’idée de départ de ce blog d’amateur est de ne parler que ce qui nous plaît le plus : de l’emphase, pas de demi-teinte ; des coups de foudre, pas de critiques acerbes. Nous avons décidé de ne pas perdre notre temps à descendre, mais à valoriser des artistes innovants, des efforts inédits, des chemins de traverses. Juste pour pousser les lecteurs potentiels - et finalement vous en êtes quelques un(e)s- à être curieux et écouter plus, et non pas à vous détourner d’une fade production aux mornes compositions.
Un grain de sable dans le champ de communication bien huilé qui irradie le secteur artistique de ses points de vues coordonnés par une économie de marché. Encore. Comme partout.
Voilà, un peu comme si vous aviez la possibilité de réfléchir à ce que vous pouviez emporter avec vous sur une île préservée des ânonnements mièvres de directions artistiques acculturées.
Car si le paysage artistique actuel est submergé d’inutilités, le monde de la critique sur support papier (que l’on appellera champ de manœuvre) et audiovisuel (que l’on va baptiser Toto) se fondent en banalités convenues, articles entendus, pour ne pas dire payés par les maisons de disques. L’environnement musical est véritablement un supermarché où l’on tente de vendre au plus grand monde le même produit avec des emballages variés, sur lequel bien entendu sont apposées les étiquettes « vu à la radio », « entendu à la TV ».

Heureusement encore, la popularisation de l’informatique, et l’avènement des blogs ont permis de prolonger la vie de la presse indé que l’on appelait du temps de la photocopieuse des copains, le Fanzine. Je pose un « z » majuscule tant on peut trouver de contenus de qualité dans ce fourmillement d’écrits qui s’est développé dans la foulée du mouvement Punk. Le « D.I.Y. » a construit des réseaux de diffusion pour ce soutien indéfectible et ultra pertinent aux nouvelles cultures : parce que tout simplement ce ne sont pas quelques travailleurs géocentrés, mais des fans laborieux qui écrivent pour les fans de ce qu’ils aiment et connaissent le mieux.
Ces fanzines servent bien aujourd’hui quand on cherche des archives sur des mouvements artistiques postérieurs au milieu des années 70. Et pour simplement découvrir ce qui se fait aujourd’hui. Je vous réinvite donc à découvrir notre page de liens qui vous conduira sur des sites à lire, avec plein de belles choses à écouter.
Et ce point sur la route, juste pour éviter de vous dire, que ce que j’ai écouté ces dernières semaines ne m’a pas beaucoup plu : je ne vous citerai donc pas tout ça, vous avez déjà plein –trop- de noms en tête.
Et écoutez donc la webradio « Cannibal Caniche » à la programmation offensive. Y’a bon !
A bientôt

L’Autre