mercredi 2 janvier 2019

BUNUEL The Easy Way Out


Las d’un Oxbow s’affinant avec le temps certes, mais avec  un album tous les 6-7 ans, notre proverbial chanteur sous stéroïdes  a remisé le micro dans son slip pour offrir ses talents controversés au sein d’un combo  transalpin d’agités du manche. L’envie d’aller distiller son blues de partouzeur ainsi que ses coups de tatanes quelque part  ailleurs, et de se confronter à des partenaires en crime aux propos plus qu’affutés. Et l’inaugural "Boys to Men" définit d’emblée le cadre décalé, le combo flirtant dangereusement sur les traces suintantes et malsaines d’un Oxbow période Serenade in Red – An Evil Heat , s’affranchissant par la suite de cette filiation restrictive. Bunuel, c’est peut-être pour Eugene Robinson le moyen de satisfaire ses tendances schizophrènes, surfant entre cette volonté affichée d’embourgeoisement  des derniers Oxbow, et celle toujours enfouie dans ses tripes d’en découdre avec à peu près tout et n’importe quoi; à commencer par lui-même. Et Buñuel lui offre cette fuite en arrière régressive qui n’a de bornes que la qualité d’exécution du combo italien : une noise inventive au propos sec, vif et acéré, bien plus à l’aise dans la rapidité et la syncope que dans un tourbillon rampant de riffs en fusion. La dichotomie efface la troublante ressemblance avec le monstre pré-cité. Cette géométrie nouvelle à structure nerveuse opère à merveille et supporte pleinement la personnalité envahissante de son lutteur-vocaliste. C’est en fait la deuxième collaboration du groupe ; si l’initial Happy Hour pouvait laisser penser à un one-shot  purement récréatif,  l’essai transformé de The Easy Way Out n’emprunte  pas vraiment la bretelle de sortie vers des territoires apaisés.


L'Un.

BUNUEL The Easy Way Out (LaTempestaInternational. 2018)