“My life means nothing and neither does yours” (The Shits)
« Quelque part entre les
Stooges, Brainbombs et Hammerhead ». Ce genre d’accroche suffisamment
racoleuse lue je sais plus où sur la Toile qui aura capté l’attention…. Alors
okay, les Stooges on les cite souvent histoire de filer quelques crédits à
un groupe en devenir plein d’énergie, de morgue et d’attitude*
(en anglais dans le texte). Mais dans ce cas, on doit parler des bootlegs les plus perraves du quatuor d’Ann
Arbor que même des labels comme Skydog n’auraient jamais osé éditer… Les
Stooges donc, pour le son et la flamme vacillante… Hammerhead ? Ouaip. Ou
n’importe quel autre groupe plus-lourd-et-plus-balaise-tu-meurs des
grandes années des labels de la trempe d’Amphetamine Reptile, et ça le faisait
tout autant. Mais ressortir le rock industriel et poisseux des misanthropes de
Brainbombs c’est plutôt rare et bien burné. Et surtout alléchant. Le
cadre de référence est ainsi posé et avec un nom qui vous flanque d’emblée une
bonne diarrhée cérébrale, The Shits a tout du groupe de baltringues menaçants,
appel d’air vicié dans le petit écosystème propret des productions musicales estampillées "rock". Mais il est vrai que le genre est moribond depuis une bonne
trentaine d’années jusqu’à ce que NME s’entiche du next big thing à perfecto et acné encore juvénile qui fera tripper
grave la swinging London pour quelques semaines éphémères. Mais là on pioche la
case mauvais sang, mauvais coucheurs et mauvais trip tatoué sur le front :
ces gars-là on va pas les voir en concert pour se taper une bonne tranche
d’humour anglais proverbiale. Là on est juste dans une interzone fangeuse,
comme savent si bien en produire les sinistres banlieues post-industrielles des
villes du nord de la perfide Albion. Le constat est ainsi dressé avec ce You’re a Mess à l’index - sinon le majeur - accusateur et
sans possible rédemption qui vous renvoie à vos minables petitesses. Avec
l’inaugural In My Hotel Room, infra-ballade
flippée (et effectivement stoogienne en diable) qui tourne en rond avant
de régurgiter toute sa colère rentrée, on voit à peu près la galère de soutier qui
nous guette. Parce que musicalement ça vole pas haut : oui c’est du rock (ou c'est comme ça que c'est censé être). Du
vrai, avec des poils, quelques grognements primaires et une poignée d’hormones
sous vide. On rampe littéralement à essayer de s’extraire de cette fosse sans
fond. Bouillie sonore parcourue de ce qu’il faut d’électrochocs, de rythmes
linéaires et concassés qui peinent à dépasser le mid-tempo. Les riffs basiques et efficaces tournent
jusqu’à l’écœurement pour mieux porter un chant imprécatoire et vaguement
dilettante. Musique d’égouts et de dégout. Catharsis crasseuse. Eloge de
l’aliénation et de l’oblitération sociale. No
Fun chantait l’Iguane; Waiting (ou
Alone…) martellent les Shits à ne plus rien espérer qu’éructer un fatras
dissonant entre deux bières tièdes. Bienvenue dans le 7° cercle de
l’enfer : au dernières nouvelles ce dernier est péri-urbain, avachi dans
une banquette d’un pub de seconde zone. Quarante ans plus tard, le punk n’a
toujours pas fini de nous affliger à
grand coups de bastonnades sédatives.
L’Un.
The SHITS "You're a Mess (RocketRecording. 2023)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire