dimanche 1 novembre 2020

Disco secrète de l'Un #8/10 : SCORN : "Vae Solis"

 

« Scorn gives me scorn » ( L.M).

 Cette impression tenace de tenir quelque chose de trop poisseux entre mes doigts le jour où je l’ai acheté. Quelques écoutes plus loin et pas encore prêt à affronter cette coulée de lave au ralenti, de le ramener vite fait au disquaire du coin (un peu comme avec le premier Eyehategod…). Pour le racheter une fois la stupeur et la confusion initiales balayées… Cet été là, Vae Solis est devenu le compagnon, idéal sur ma platine pour se coltiner 3 ou 4 bouquins de ce vieux réac’ d’Ellroy…


Mettons tout de suite les choses au point : le concept de « fusion », aura peut-être trop souvent imprégné les courants musicaux émergents des funestes années 90’s. Mais les régurgitations métalliques de ce premier Scorn se situent probablement trop bas dans le spectre des fréquences pour rentrer dans les radars de ce genre putassier. Ce duo de forcené transfuge de la première incarnation de Napalm Death aura troqué les vertiges d’un grindcore séminal pour sérieusement enfoncer la pédale de frein sous sédatifs : la sortie de route est inévitable. Pour driver les machines, samples et la basse, Mick Harris et Nick Bullen se sont offerts les services d’un autre transfuge du Napalm Death originel pour les parties de guitare plombée…. Un certain Justin K. Broadrick, celui qui était parti monter le Godflesh de son côté. La boucle vaguement incestueuse est bouclée et le groupe peut commencer à déployer son cauchemar éveillé au ralenti. Les premiers morceaux (« Hit », « Spasms »…) restent encore ancrés dans le métal de leurs origines, délivrant une sorte de sludge-metal anémié et atonal. Pivot central de l’album, « Deep in Eaten Over and Over » nous offre une plongée claustrophobe dans les affres  d’une déréliction sans fin. La suite s’allège et se teinte de techniques dub à grand renforts de samples et d’effets de larsen pour finir par se perdre dans les éthers païens d’une ambient glaciale à l’angoisse palpable avec ce « Still Life » qui clôture l’album comme on referme une chape de plomb. Je m’obstine encore à penser que Vae Solis aura influencé tout ce qui s’est produit par la suite dans les marges sombres du métal voire de l’indus, sans en être certain au final, ce brulot  étant resté  sans réelle postérité. Dans la discographie même de Scorn, les albums suivants resteront de faibles équivalents, jusqu’au départ de Nick Bullen qui laissera alors les coudées franches à un Mick Harrris paré pour de longues apnées isolationnistes. Mais c’est là une toute autre histoire dont le chaos en expansion permanente se prolonge maintenant depuis plus de 25 ans et une flopée d'albums mutants…

 

L'Un.

 

SCORN Vae Solis (Earache. 1992)

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