Une chronique qui s’annonce mal tant l’exercice de rattrapage après une immersion insuffisante s’annonce pour le moins casse-gueule. Une chronique par trop personnelle qui tient l’auteur à cœur. Une chronique tout en boucles déphasées (qui se rencontrent à la tangente, bien évidemment). Quand évoquer l’œuvre de Steve Roden revient à payer de sa personne, le plus discrètement possible. Un de ces musiciens-passeurs par le biais de qui tout commença un jour, dans la réclusion volontaire d’une chambre exigüe. Poser des mots sur une musique d’effacement. Steve Roden définit son approche par l’expression « lowercase », comme l’art furtif d’une ambiance de l’instant captée et livrée dans son état le plus brut et des plus désarmants. Collecte de sonorités discrètes recyclées, beauté fragile du détail isolé, large aplats de masses en mouvement. Fréquences parasites de l’infra-ordinaire cher à Pérec. Vibrations d’un sound-art en pointillés, pendant sonique et territoire connexe d’un land-art à la Richard Long. L’œil curieux se fait entendre.Environ 7 heures de musiques qui documentent les 15 premières années de la carrière de l’artiste ; « face B » et autres raretés issues de compilations à série limitée, des inédits qui ressemblent le plus souvent à un carnet de note sonore d’un work in progress qui tournerait en cercles légèrement décentrés. De ces artistes dont on reconnait la patte dès les premiers balbutiements, les premières esquisses. Parfois loin de ce qui le caractérise, mais jamais si éloigné… Toujours, l’évidence dépouillée du concept, cette humilité simple dans les procédés rejoignant les mêmes intentions. Chronique d’une musique immanente
L'Un
Steve RODEN - "every color moving; 1988 - 2003" (coffret 6 cd; Sonoris. 2016)
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