"encore une nuit de merde dans cette ville pourrie"
(Nick Flynn)
Temple secret d’un underground newyorkais un peu daté, le cryptique Martin Bisi derrière les manettes… La Grande Pomme se faisait encore menaçante à l’époque, lorsque, tapis dans l’ombre de son arrogante verticalité, ses bas-fonds charriaient des rivières de junkies, gangs et bohèmes à la dérive, un cosmopolitisme vibrionnant pour toile de fond et terrain de jeu. New York ville de toutes les avant-gardes : proto hip-hop, no wave, hardcore, garage punk (flamboyant) et fusions de tous poils. Une cave au fin fond de Brooklyn dans laquelle une poignée d’insectes blafards et malfaisants venaient fixer sur bande leurs sombres rituels électrifiés en entamant une de danse de saint Guy consumée par le feu.
BC35.
Un peu plus de 3 décennies à commémorer…
On y retrouve des intemporels : membres des SWANS, Jim « Fœtus » Thirlwell (mais où est Lydia Lunch ?). Des seconds couteaux mythiques (et inconnus) : Cop Shoot Cop, Of Cabbages and Kings, Live Skull… La relève aussi avec le duo activiste de White Hills ou Tidal Channel….
S’il fallait retracer plus finement cette ligne en pointillés d’un heavy rock urbain sans concessions, manquent à l’appel quelques Unsane, Chrome Cranks, le snuff-jazz extrémiste de Borbetomagus et surtout l’omnipotent (et co-fondateur de l'institution ) Bill Laswell. L’évidence incontournable du monolithique Sonic Youth brille aussi par son absence (ok, il y a bien la frappe de Bob Bert en intro mais bon…), ou encore le gros égo d’un Jon Spencer, même si les survivant de Lubricated Goat (=
Swans meet the Blues Explosion) font l’affaire…
Swans meet the Blues Explosion) font l’affaire…
La séance annoncée de potlatch improvisé prend plutôt la forme de joyeuses retrouvailles entre vieux potes inscrits aux Alcooliques Anonymes. Jam sessions informelles, performances très sérieuses pour d’autres, du dispensable rarement, mais du bon souvent, voire très bon, lorsque les roulements batteries martèlent une cadence martiale et une basse grumeleuse vous colle aux tripes (d’emblée, les 4 premiers morceaux en enfilade, mention spéciale pour le très dark-jazz "Disintegration in the well" de la fin…). Moments d’extase parfois rampants; on est alors replongé sans ménagement dans ces excès sonores passés qui dû bousiller les murs du studio et les tympans de son hôte et fait tout le charme et la gloire sans lendemain des clubs miteux de la ville.
Anachronique ? Oui.
Disque de vieux cons sous benzodiazépine pour des vieux cons nostalgiques de Bad Lieutenant et autres Taxi Drivers (New York 1997 n’est pas loin, Carpenter rôde…), dont la bande vhs est aussi usée que les bras piquouzés de Johnny Thunders. Un New York dur et sale d’avant les Starbucks Coffee en série qui s’identifiait plus aux obsessions sordides des romans d’Hubert Selby Jr, qu’au clinquant penthouse de l’actuel freak président à moumoute peroxydée. Un New York délicieusement has-been que doit désormais regarder non sans une certaine tendresse le plus et grincheux (et jadis peroxydé…) des street poets newyorkais, parti depuis pour une ballade bien au-delà du côté sauvage de cette fascinante nécropolis.
Contort yourself, 2 times…
L'Un.
BC35 (BronsonRecording. 2018)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire