« emmenez-moi au bout de la terre, emmenez-moi au pays des merveilles, il me semble que la misère serait moins pénible au soleil » - Charles. Aznavour.
(encore) de ces découvertes feutrées impossibles à contourner tant l’appel du large contenu est frontal. L’excitation est grande à son écoute, semblable à cette fébrilité impalpable qui vous étreint lors de préparatifs avant un looong périple par là-bas. Et on sait combien je suis personnellement friand de tout ce qui se rapproche de près ou de loin au récit voyage (Firewater, Gaëtan Gromer, Maninkari..) : la chronique qui suit perd de la sorte toute objectivité.
De regretter du coup, dans les chroniques précédentes, de ne pas avoir su déceler à quel point les albums des Oiseaux Tempête étaient à ce point marqués par la forte présence de Frédéric D. Oberland, empreints, (dé)formés par cette notion de voyage, de translation, perdu que j’étais la tête dans leurs nuages. Escapade en solo du guitariste en forme d’échappée belle, pris dans un courant d’air ascendant. Eviter l’écueil de la première écoute, laissant fortement à penser d’entendre là une sorte d’édition uncut ou extended d’un album des Oiseaux de derrière les fagots : Frédéric Oberland possède indéniablement un style, le sien, certains gimmicks le trahissent, lorsque sa guitare tend à s’envoler en nappes lyriques. Mais là s’arrête l’analogie, le projet en solo versant dans une introspection qui n’est pas de mise au sein du trio évoluant en collectif. Le vol est stationnaire, sous la forme d’un lent retour sur ses propres pas. Les masses sonores oppressantes et répétitives renforcent cette impression d’immobilisme, d’où s’extraient comme avec peine de doux échos lointains, souvenirs enfouis offert à une distante contemplation. Les fields recordings se font insistants, obsédants : là, un temps, j’ai été « par- là », traçant ce sillage commun offert à nos oreilles ensablées. Pulsions qui virent à la pulsation, six morceaux pour un récit sans fin ni fond d’un musicien qui semble appréhender la distance qui le sépare du vide.
Ici et ailleurs, partout et tout le temps, c’est-à-dire nulle part : la carte vous est proposée blanche et vierge : à vous d’en définir ses contours les plus intimes.
L'Un.
(ps : DOVNI, Disque-Objet Volant Non Identifié, accompagné de photos noir & blanc ; suffisamment singulier pour le souligner, en ces temps de musique tristement dématérialisée, vouée à une compression certaine dans la logique froide d’un disque dur externe : Alt+Delete).
Frédéric D. OBERLAND (VoxXov. 2016)
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