dimanche 29 mai 2016

Chippendale/Gustafsson/Pupillo : "Melt"



Outre un superbe logo que je verrais bien en tshirt, on ne pourra que louer la démarche forcenée du label autrichien Trost pour ses rééditions d’albums cultes de la scène improvisée et créative européenne (et autre…), les productions actuelles s’inscrivant parfaitement
dans leur sillage.

MELT, outre le fait de coller avec son époque dans le respect des anciens, est ce qu’il est convenu d’appeler de nos jours un super-groupe. Personnellement je me bornerais à parler là d’un projet parallèle de 3 musiciens officiant ordinairement dans leur formation respective. Une rencontre de bas-côtés comme on les aime : le temps d’une rencontre.
Et il semblait évident à l’écoute du résultat que ces gars-là se devaient de collaborer, de fusionner. De déboucher sur une entité à part entière…. Le temps d’un instant, donc :
    - Brian Chippendale : batteur iconoclaste du fléau free-form Lightning Bolt.
    - Massimo Puppillo : bassiste du collectif noise italien ZU
    - Mats Gustafsson : anches (saxo, quoi…) au sein du power jazz trio The Thing
Leur point commun, outre un amour sans réserves pour une confrontation presque physique avec la masse sonore, réside dans cette définition floutée de leurs formations respectives, à équidistance (entendre par là aux marges) du rock ou du jazz, les adjectifs free, heavy ou noisy en possibles épithètes.
Les idiosyncrasies sont solidement campées, les univers respectifs se superposent tout naturellement comme un gros millefeuille électrique et survitaminé. Le style particulier de Chippendale, basé sur des syncopes de caisse claire reste le plus identifiable. Chippendale n’a jamais été un grand technicien, compensant cette faille par un engagement physique total et incessant. Le continuum enveloppant l’énergie brute de la prestation résulte des traitements électroniques de Gustafsson, de la voix de Chippendale passée en boucle et sous écho.
Quelques moment d'ambiances tribales, une touche psychédélique criarde en prime, l'humour et l’humeur des textes scandés de Chippendale font de cet enregistrement une expérience séduisante s’extrayant des canons parfois convenus du « genre » s’il en est un.
Alors au final, que nous apporte ce genre d’improvisation monolithique et parasitée ? Pas grand-chose en fait : juste un plaisir séminal et aussi brut qu’un diamant fraichement taillé, nos oreilles accoutumées aux sensations extrêmes et perverses de l’instant. Les puristes auront quitté la salle depuis longtemps.


L'Un.

Chippendale/Gustafsson/Pupillo : "Melt" (TrostRecords. 2016)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire