Fébrilement attendue, ce dès la
sortie du premier album, la seconde mouture du collectif The Blood of Heroes (chroniqué en mars 2011) nous arrive avec un delay soigneusement fracassé. Une
longue gestation d'un mammifère à sang froid qui aura pris le temps
de se repenser pour renaitre là où on ne l'attendait pas, histoire
de conjurer la quadrature du cercle et de décevoir les adeptes
endormis de la branchitude annoncée. Du line-up originel, on aura
soigneusement extirpé le quelque peu trop médiatique Bill Laswell,
pour coller un certain Tony Maimone (Pere Ubu, tout de même) à la
basse. Changement mineur s'il en est pour gagner la souplesse
nécessaire à un franchissement du Rubycon dans les règles : le
groupe ainsi ressoudé ne se retient plus, prêt à délivrer
une musique tendue, fractale et concassée. Pas vraiment remis des
séquelles du combat précédent, the Waking Nightmare explose le
cadre initial en utilisant certes la même balistique combinée :
post-punk, drum & bass, electro indus vaguement menaçant. Mais
l'ensemble se veut plus intégré, les individualités et fortes
têtes s'affirmant dans le groupe sans pour autant se renier. C'est
flagrant avec Dr Israel dont les vocaux prennent une ampleur
insoupçonnée et le ton juste. De son côté Justin Broadrick a
troqué les guitares trainantes de son Jesu pour les déflagrations
vicieuses d'un J.K Flesh de sous-sol, se frottant au coup par coup
contre les structures rythmiques grésillantes de la paire End.user /
Submerged.. Musique organique car entropique, dévorante et posée
sur le fil constant d'un rasoir émoussé. Si un « Deathwish »
d'ouverture vient confortablement se poser en écho à l'electro-punk
du Blinded du premier album, « War » ou « Hecatomb »
sonnent comme l'invitation galeuse au cauchemar annoncé, la poisse
épaisse de « Dogtown » lorgne furieusement vers des
Death Grips sous sédatif, alors qu'un « Last Forest »
primesautier se chargera de lécher nos plaies accumulées dans les
oreilles. Les morceaux
hésitent, se désagrègent, nous font faux-bond, véritables petits
chaos en expansion perpétuelle. « I Love You but I chose
Darkness » totalitaire (basé sur un titre de Submerged)
clôture l'album dans une hallucination martelée qui n'offre guère
de rémission possible : on vient de plonger en apesanteur
marécageuse, la sourde menace post apocalyptique qui nous guette
comme la mariée attend vainement la chienlit au coin d'un bois.
Le cauchemar est en place.
(et
c'est signé sur Ohm/Resistance...)
L'Un.
The BLOOD OF HEROES : "The waking nightmare" (Ohm/Resistance. 2012)
quelques morceaux en écoute par là...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire