Face à la simplicité désarmante de
la musique de Yuichiro FUJIMOTO, le rapprochement avec la forme
poétique du haïku semblerait s'imposer même si je ne me limiterais
pas à cette seule forme de la culture japonaise, le zen, dans
l'acceptation de ce qui est, n'étant jamais très loin. D'un point de vue strictement musical
j'irais plus chercher une conversation de circonstance entre la musique
concrète de Luc Ferrari et le bricolage ludique d'un Fred Frith, Aksak Maboul ou
autre Thomas Belhom (chroniqué dans ces pages...). Carnet de
croquis de l'infra-ordinaire, prise de pouls in situ ou pulsation du vent des choses sont tranquillement captés dans
l'humilité de l'économie de moyens, que peu de gens savent faire et
moins encore, sinon le chat assoupi, savent écouter. Sans vraiment
écouter d'ailleurs, musique qui se confond en résonances avec son
environnement direct. L'équilibre entre l'instrumentation et le
field-recording est ténu et se prolonge en un flux continu, le
souffle de l'un entrainant la rumeur de l'autre dans la fluidité du
quotidien. Le silence de la pluie et des oiseaux, conversations sans
fil autour d'une tasse de thé, grésillements de l'enregistrement
approximatif, électronique de petite fille. FUJIMOTO convoque la
mélancolie qui s'écoule par delà sa fenêtre, à moins que ce ne
soient ses mélodies qui regardent le monde animé par delà le cadre
de bois. Musique où profane et sacré s'imbriquent, l'insondable
recouvrant le tangible. Méditation heureuse car simple et sans autre
objet que la calme fulgurance de l'instant.
L'Un.
Yuichiro FUJIMOTO : "Speaks Melodies" (AudioDregsRecords. 2012)
on peut écouter les albums sur les grands fournisseurs de musique en ligne.
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