Badawi, de son vrai nom Raz Mesinaï,
est né au Moyen Orient, et vit à New York. Par choix puisque celui-ci voulut se
libérer d’une image hégémonique de son pays d’origine. Son imprégnation
universelle s’affirme d’abord dans la participation à la scène illbient et dub
électronique dans les années 90, mais contrairement à bon nombre de performeurs,
il ne se contente pas de se plugger sur le sound système, il s’interroge sur
celui-ci et surtout sur l’utilisation que l’on peut en faire pour qu’il y ait
une transmission à l’auditeur par la déformation du son. L’idée de
« bender » la pensée est déjà là. Il poursuit donc sa route… Après
avoir partagé la vie des bedouins (badawi signifie bédouin) dans le désert, il
axe son travail sur l’imprégnation des univers sonores croisés sur sa route. Il
définit ainsi son propre style, puisant dans des rythmes derviches
palestiniens, des percussions persanes et des banghras indiens. Ce globe
trotter devient instrumentiste puis s’initie plus encore à l’électronique pour
utiliser ces outils afin de restituer la mémoire sonore des communautés
traditionnelles. Et aussi d’événements comme la situation en Irak… après de
nombreuses collaborations (DJ Spooky, Kode 9, Sensational…), il livre en live
une musique de transe, expression multiple des saveurs de la sono mondiale. D’ailleurs
la majeure partie de son travail édité provient de moments de lives, uniques
instants de vérités.
Je l'avais découvert il y a 10 ans avec un remix des Japonais (post-rock) Mono. Soldier
of Midian, quant à lui, est un album perturbant, pour la simple et bonne raison que c’est un
album, juste un album ; les morceaux qui le composent sont autant d’amorces
de rythmes de transe, percussions ethniques vibrantes, pulsations venues du
passé qui vivent encore cette fois par l’entremise de l’électronique. Mais qui
malheureusement nourrissent dans le même temps la frustration de par le format court:
ce qui est fait pour vivre 30 minutes, voire plus, induisant d’enivrantes
danses, montant lentement les intensités percussives, permettant de s’oublier,
libérer le corps, ne dure à chaque fois que 3 minutes….
Alors
que faire ? L’écouter est de toute façon conseillé comme une grande partie
de sa discographie; se le passer en boucle peut permettre de ressentir la
transe au-delà des 3 minutes allouées… autre solution, dernière dans ma besace
pour l’instant, vous rendre au Nadir, à Bourges, lieu où il effectuera l’une de
ses deux (seules) dates françaises : c’est le samedi 11 juin 2011 à 21h,
et il sera accompagné de HHY, tenant portugais d’un dub sombre, et des
Macumbas, combo psychédélique auto proclamé voodoo, qui entreprendront donc séparément puis ensemble, une
transe qui durera la soirée entière…c'est de la promo oui, mais utile...
post scriptum: le concert fut la confirmation du magnifique travail de producteur de Raz Mesinai: des sons restant bruts, puissants, s'enchevêtrant les uns dans les autres pour organiser une répétition qui n'en est jamais une. les sons se succèdent par glissement; c'est un solide château de cartes. car l'essentiel est travaillé de l'intérieur: des graves massifs, on est dans le dub pas de doute, des aigus pointus mais jamais agressifs, et surtout un traitement extraordinaire des médiums, intelligent, naviguant sans cesse par delay à droite et à gauche. 70 minutes où une partie du public, hypnotisé s'est même assis pour écouter sereinement, tout en intériorité...et la mise en bouche transe des Macumbas n'y était pas pour rien!!!
L'Autre
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