« Ils étaient sur la ligne de front. Entre la brume et le sol il y avait une sorte de couloir fuligineux où l’avion s’engouffra de plein jet. » (Joseph KESSEL)
L’inaugural « Dawn » - [dɔ:n] (literal) : aube f – nous cueille à la fraiche le temps d'une journée à la fois statique et initiatique. Le violoncelle se fraie un chemin à louvoyer paresseusement entre de beaux aplats sonores. Le mouvement est ample et posé. Noyé dans une brume persistante. Ce n’est qu’à partir de « Train Ride Home » que le son cristallin de la cithare vient flatter notre appétence mélancolique. Petites ritournelles de boites à musique. Au fil de ces 10 morceaux Olga Anna nous livre ses interrogations sur son rapport physique du phénomène sonore confronté aux affres d’un quotidien infra-ordinaire. Sans trop d’emphase mais avec ce qu’il faut de circonspection curieuse et inquiète : le monde d’en face jamais loin (« Borderland »). Le travail des masses sonores se fait en profondeur, dans des nuances d'un gris distancié. « Fever Dream » stagne dans une pesanteur d'entre-deux avec cette ambient music aux rugosités à peine palpables.
Anna Olga Markowska cloture avec un trop court« Dusk » - [dʌsk] ] : crépuscule - d'adieu qui aurait pu tourner en boucle sans fin.
Du côté des influences et flux convergents, il y a bien évidemment le « Glimmer » de Michal JACAZSEK pour cette patine néo-classique. Helen MONEY pour les abîmes introspectifs du violoncelle. Et Mary LATTIMORE pour cette propension à dévoyer sa palette d'instruments là où on ne l'attend pas ; l'emportant ainsi vers de vastes territoires oniriques. Musique au ralenti granuleux pour un film sans autre image fixe que le travelling intime d'une morne journée dans un plat pays qui n'est pas le notre.
L'Un.
Olga Anna MARKOWSKA : "Iskra" (Miasmah. 2025)