La musique du polonais Michal JACASZEK peut se définir comme la rencontre entre de l'électronique embarquée et des vieux instruments de musique classique. Soit, mais on va pas pour autant danser frénétiquement un menuet des maisons sur le
dancefloor d'un nightclub péri-urbain. JACASZEK ne verse nullement dans la fusion techno-classique, fût-elle virtuose : au contraire, il prend une certaine distance sur l'objet sonore isolé (clavecin, clarinette, guitare classique...), puis superpose finement les calques déformants de l'appareillage digital. En découle une succession de petites miniatures sonores aux atmosphères faiblement éclairées, comme le titre l'indique. Un incessant glissement de textures souvent fragmentées s'opère alors dans un cadre demeurant éminemment statique. L'électronique semble dérailler, bégayer et se rejouer sur elle-même, palimpseste se heurtant sur les arpèges d'instruments figés. La force d'évocation d'instruments aussi connotés, confrontés à une
electronica au grain quasi argentique donne à l'ensemble ce climat prenant d'étrangeté anachronique. Les reliques du passé convoquées et plongées dans le tumulte d'un présent comme vécu à distance. Cette impression comateuse d'émerger dans un brouillard rémanent.
Pas si éloigné d'un Brian Eno ou encore de Labradford ou Pan American, JACASZEK joue là ce qui pourrait être la musique de chambre du 21° siècle : à la fois intimiste, délicatement confuse et distillant une sourde inquiétude. Quoi de plus normal en ces temps d'incertitude et de régression culturelle.
L'Un
Michal JACASZEK "Glimmer (GhostlyInternational./ 2011).
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