lundi 7 mars 2022

BIRDS OF MAYA "Valdez"

 "Vous ne pouvez pas faire mieux que deux guitares, une basse et une batterie" (Lou fucking Reed)

 

Y en a toujours pour penser que le rock est mort avec l’apparition de la techno, d’autres après la disparition de Kurt Cobain, tandis que la frange des plus irréductibles maintient que le rock a été enterré quelque part à la fin des années 70’s. Tout ça ne nous ramènera pas Joe Dassin mais le débat stérile est toujours ouvert, et toutes les décennies les médias nous annoncent son retour sous la forme de messies encore juvéniles, blouson en cuir de rigueur et quelques frasques à leur actif avant le flop du 2° album. Dire que Birds of Maya est la nouvelle sensation de ce début de millénaire morose et apocalyptique est peut-être un peu présomptueux, même si Pitchfork leur a filé sa bénédiction. En fait personne n’en a entendu parler, ce qui colle bien au propos : on a là à faire à une bonne tranche de rock velu et graisseux, tout droit sorti d’un garage d’un pavillon de banlieue anonyme. Voilà pour la légende. Côté bio, savoir que Birds of Maya est constitué d’un transfuge de Purling Hiss, groupe assez récent qui entretenait la flamme d’un certain rock indé 90’s (à ranger, au pif, pas loin d’un Dinosaur Jr.) ne renseignera en rien sauf sur un goût immodéré pour ces longues plages de solo sur-électrifiées et baveuses à souhait. On pense très fort (et on le lit partout…)  « Stooges » ou stoogien pour qualifier cette petite perle cryptique. Difficile à contourner, certes, mais alors on parle alors de Raw Power, même s’il faut plutôt piocher dans le panier de crabes des enregistrements pirates de l’Iguane, les plus cradingues si possible. La main du diable, elle, s’invite avec ce riff éhontément sabbathien de la seule cavalcade de l’album qui ne dépasse pas 3mn sur BFIOU. Pour le reste, il faut se caler ferme au comptoir avec quelques pintes de tièdes et avaler le bitume d’une longue avenue borgne jusqu‘à ce point de non-retour de Please Come In qui martèle le propos quitte à se faire saigner les doigts et les oreilles. La recette est bien rodée, à puiser dans les archives saturées sans trop chercher à se renouveler et sonner « actuel » à tout prix ; et en ce, il y a un parallèle évident à faire avec Endless Boogie qui lui aussi ne cesse d’hypnotiser son auditoire avec trois bouts de ficelles, une bonne vieille disto et surtout une foi inébranlable…. Pour résumer, ce Valdez il est grave trippé, à la fois abrasif et roboratif. Pas forcément ce qu’il y a de plus calibré pour notre époque sans souffle épique, ni des plus digestes non plus : mais pour ça il nous reste la bière tiède en sous-sol.

 

L'Un.

Birds of Maya "Valdez" (DragCity. 2021) 

 

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