dimanche 9 août 2020

disco secrète de l'Un 3/10 : Brian ENO "On Land"

On devrait toujours avoir besoin d'un passeur dans la vie : le voisin de la rue des Bouteilles avec sa 10zaine d’années de plus que moi était parfait pour ce rôle. Ce nombre incalculable de soirées à se refaire le monde, fenêtres ouvertes, de s’initier à une dialectique des plus sommaires, mais surtout se passer des disques. Surtout lui d’ailleurs. Par son entremise, j’ai pu tranquillement accumuler quelques fondamentaux du jazz (Mingus !) et surtout de ce qui se faisait en rock dans les années 70’s. les noms défilaient comme Peter Hammill, Lou Reed ou encore Robert Wyatt ne me parlaient pas encore mais constituent encore une base sur laquelle je n’ai eu cesse de revenir. Mais l’impact d’On Land a été direct et radical : une plongée délicieuse dans un flux cotonneux jusque là jamais expérimenté. Disque de chevet par excellence, racheté en cd depuis, il a depuis été joué plusieurs centaines de fois gardant toujours sa part  d'ombre...

Les canons de la musique ambiante tels que définis par ENO étaient déjà gravés dans le marbre avec l’inaugural « Discreet Music » puis « Music for Airport ». A ce titre, On Land a toujours été quelque peu sous-estimé dans ce moment charnière de sa discographie. Certes, on est moins là dans une musique d’ameublement auto-générée que dans une immersion profonde au cœur de nappes brouillées. L’album ouvrira plutôt la voie à des interprétations plus éthérées et impressionnistes par ses pairs faiseurs d’ambient music, même si jamais loin des pires dérives new age indigestes.

Près d’une quarantaine d’années plus tard, le son reste toujours aussi riche et organique, le grain profond des synthés se mêlant le plus naturellement du monde à des captures sonores bidouillées. Sur chacune des pistes, l’impression physique de survoler des topographies sonores voilées par les nuages d’une aube sans cesse reculée. Une puissance évocatrice rarement égalée par la suite ; même si (parmi les plus connus) BIOSPHERE ou LOSCIL peuvent aisément revendiquer l’héritage de cet album unique et visionnaire.


L'Un.

Brian ENO : "On Land" (Editions EG. 1982)

 

 

 

 

 

 

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