« C’était l’époque où » le label SST insérait systématiquement un feuillet de son catalogue dans ses vinyles. Au milieu des Bad Brains, Descendents, Black Flag ou autres Minutemen qui portaient à rêver cette scène « alternative » californienne bouillonnante, lézardaient les albums de Sonic Youth (qui avaient entre temps signé chez eux pour Sister et Evol je crois) : ce nom à lui seul résumait une certaine idée d’une attitude froide, urbaine et définitivement cool, et leurs visuels troublants renforçaient cette aura hype de truc pour initiés à cheveux gras. J’avais 15 ans et les disques les plus discordants de ma maigre discothèque étaient peut-être et Big Black et une compile sur laquelle Kildozer massacrait Sweet Home Alabama. Avec un internet encore inexistant, c’était faire un de ces sauts dans le vide, que de se procurer ce genre de disque mutant. Il n’y avait aucune copie cassette qui circulait de main à main dans mon lycée de province où l’on s’encanaillait plus logiquement avec les Smiths, The Clash et autres Cure, la sainte trinité Hendrix-Led Zep’ et AC/DC patchée sur les besaces. Bad Moon Rising a constitué le parfait album pour initier ma vocation d’audio-freak franc-tireur en quête de la dissonance différente. Bref, en 1986, ce n’était pas vraiment l’album idéal pour pécho ou s’intégrer.

Une autre facette d’un Sonic Youth encore abrasif. En forme d’impasse sonique, certes, mais à ne surtout pas négliger.
L'Un
SONIC YOUTH "Bad Moon Rising" (Homestead. 1985)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire