mardi 20 mars 2018

Andrea BELFI : Alverare / Ore


"Les hommes qui pensent en rond, ont les idées courbes" – Léo Ferré

Ses parutions confidentielles  et régulières affolent toujours autant les aiguilles du compteur Geiger posé sur la table de chevet. Invariablement armé de son kit de batterie réduit au minimum pulsatif syndical et d’électronique analogique,, l’élégant Andrea Belfi se fait toujours aussi passionnant et discret. Deux parutions solos s’inscrivant dans la veine introspective du récent Natura Morta et du séminal et minimal Knots. Des obsessions qui tournent en boucles à défaut de tourner en rond. Noyée sous des nappes plus ou moins fines et enveloppantes, la fluidité d’un swing de contrepoint minimaliste et feutré désarme et hypnotise. D’une simplicité trompeuse, la ligne se veut claire et limpide comme une planche de l’école belge. Tonalité parfaite d’un oscillateur  séquencé sur un groove envoutant à la frappe tout en retenue. C’est toute l’évidence d’un « moi-même je pourrais le faire » si souvent entendu qui trahit en fait une intention maitrisée, l’œuvre aboutie, ouverte aux sens et aux autres.

  "Alveareest issu d’une commande pour un projet livre confrontant le sonore à l’architecture.
Le résultat est peut-être plus impersonnel et neutre. Les morceaux n’ont pas été écrits spécifiquement pour le disque mais sélectionnés dans la discographie de Belfi. Là où il n’y a pas d’unité temporelle réside cependant une homogénéité sourde et dépouillée, épousant parfaitement les contours du concept et des formes : musique d’effacement pour ne pas dire d’ameublement d’où ressort néanmoins en filigrane toute la discrète substance de sa musique. 

Avec ce « Ore » là, le procédé prime sur le concept, c’est la matière qui prend le dessus dans une lutte subtile et organique entre l’analogique et  l’opiniâtre pulsation martelée . La batterie retrouve pleinement sa place au centre du dispositif. Les échos de boucles se font moins prégnants que dans Natura Morta, laissant une électronique étendre la durée et geler les sons pour mieux mettre en relief les figures rythmiques éthérées qui continuent pourtant de nous travailler au corps et de nous clouer au sol.
Ce tout dernier album solo se veut plus fidèle au cheminement d’Andrea Belfi, jalon supplémentaire dans sa ligne en délicats pointillés. Il sonne déjà comme un aboutissement possible d’une carrière qui continuera pourtant de nous étonner.

L'Un.

"Ore" (Float. 2017)


"Alveare (Iikki. 2017)



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