"Le lendemain ne savait même pas qu'ils existaient" - (Cormack McCarthy)
Kevin Martin aura passé le plus sombre des
années 90's a lancer ses fatwas, tapi dans l'ombre des rues londoniennes alors
agitées de sonorités hybrides, développant les bases d'un underground sans
cesse mutant et enraciné dans le dub et toutes ses déclinaisons possibles,
alors qu’outre-Atlantique, Dylan Carlson trimballait son blues en forme de
drone électrique pour guitare, ouvrant un pont entre les formes les plus
extrêmes du métal et l’avant-garde d’un Terry Riley, se préparant une sortie de
route ainsi tracée par des chemins de traverses des plus apaisés, à renouer de
la sorte avec une americana aux accents de western
introspectif au ralenti.
Paradoxe des extrêmes : rat
des villes rencontre rat des champs.
La collaboration déphasée
semble dès le départ en quête d’un air raréfié, la claustrophobie urbaine de
Kevin « the Bug » Martin rejoint les errances opiacées de Dylan
« Earth » Carlson. Interminable jam en forme de collages sans
véritable axe directeur ou autre volonté qu'un pilotage à vue alimenté par des
bribes d'idées rapportées, quelques gimmicks et marques de fabrique
respectives. Personne pour tirer la couverture à lui si ce n'est un vent qui
s'engouffre dans tous les interstices de ce long malaise sonore composé
d'empilement de trames, de rythmes étiques et déchiquetés. Tout tient dans ce mouchoir de poche pour terrain de jeu commun,
où l'on s'attelle méticuleusement à chercher l'espace, entre. On oublie un instant les rythmes concassés, les
paysages de mornes steppes cinématiques pour se concentrer sur l’épaisse
matière qui les sous-tend, cette rugosité au sombre éclat qui aura guidé les
trajectoires parallèles; communion en forme de synthèse granulaire et
convergence de bourdonnements cafardeux avec «City of Fallen Angel» hiératique qui d’emblée donne
le ton, lugubre et distant. Relecture horizontale et statique d'espaces
contrariés («American Dream », comme un Earth remixé par The Bug). Fragile
avantage pour the Bug, avec ses patterns rampants (« Agoraphobia »),
sur lesquels Carlson tisse sa toile au ralenti. De passer sur le
featuring balourd et inutile de l’inénarrable Justin K. Broadrick, venu
taper une gueulante éprouvée sur 2 morceaux : se dégage du coup une
impression d’hétérogénéité brouillonne, là où on aurait pu se contenter d’une traversée désabusée et sans fin, parsemée de détricotages dystopiques. De simplement conclure et mordre à
la poussière en suspension d’un «Another Planet» au déroulé final
évanescent et crépusculaire.
A équidistance entre cette Vallée des Larmes toute biblique et la mythique Death Valley d’un rêve américain pulvérisé en vol. Pile poil.
A équidistance entre cette Vallée des Larmes toute biblique et la mythique Death Valley d’un rêve américain pulvérisé en vol. Pile poil.
L'Un.
The Bug vs Earth "Concrete Desert" (NinjaTune. 2017)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire