jeudi 4 mai 2017

The BUG vs EARTH "Concrete Desert"

"Le lendemain ne savait même pas qu'ils existaient"(Cormack McCarthy)

Kevin Martin aura passé le plus sombre des années 90's a lancer ses fatwas, tapi dans l'ombre des rues londoniennes alors agitées de sonorités hybrides, développant les bases d'un underground sans cesse mutant et enraciné dans le dub et toutes ses déclinaisons possibles, alors qu’outre-Atlantique, Dylan Carlson trimballait son blues en forme de drone électrique pour guitare, ouvrant un pont entre les formes les plus extrêmes du métal et l’avant-garde d’un Terry Riley, se préparant une sortie de route ainsi tracée par des chemins de traverses des plus apaisés, à renouer de la sorte avec une americana aux accents de western introspectif au ralenti.
Paradoxe des extrêmes : rat des villes rencontre rat des champs.
La collaboration déphasée semble dès le départ en quête d’un air raréfié, la claustrophobie urbaine de Kevin « the Bug » Martin rejoint les errances opiacées de Dylan « Earth » Carlson. Interminable jam en forme de collages sans véritable axe directeur ou autre volonté qu'un pilotage à vue alimenté par des bribes d'idées rapportées, quelques gimmicks et marques de fabrique respectives. Personne pour tirer la couverture à lui si ce n'est un vent qui s'engouffre dans tous les interstices de ce long malaise sonore composé d'empilement de trames, de rythmes étiques et déchiquetés. Tout tient dans ce mouchoir de poche pour terrain de jeu commun, où l'on s'attelle méticuleusement à chercher l'espace, entre. On oublie un instant les rythmes concassés, les paysages de mornes steppes cinématiques pour se concentrer sur l’épaisse matière qui les sous-tend, cette rugosité au sombre éclat qui aura guidé les trajectoires parallèles; communion en forme de synthèse granulaire et convergence de bourdonnements cafardeux avec «City of Fallen Angel» hiératique qui d’emblée donne le ton, lugubre et distant. Relecture horizontale et statique d'espaces contrariés («American Dream », comme un Earth remixé par The Bug). Fragile avantage pour the Bug, avec ses patterns rampants (« Agoraphobia »), sur lesquels Carlson tisse sa toile au ralenti. De passer sur le featuring balourd et inutile de l’inénarrable Justin K. Broadrick, venu taper une gueulante éprouvée sur 2 morceaux : se dégage du coup une impression d’hétérogénéité brouillonne, là où on aurait pu se contenter d’une traversée désabusée et sans fin, parsemée de détricotages dystopiques. De simplement conclure et mordre à la poussière en suspension  d’un «Another Planet» au déroulé final évanescent et crépusculaire. 
A équidistance entre cette Vallée des Larmes toute biblique et la mythique Death Valley d’un rêve américain pulvérisé en vol. Pile poil.

L'Un.

The Bug vs Earth "Concrete Desert" (NinjaTune. 2017)

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