« machinerie (organique) » - B. Eno – Stratégie Oblique, tiré au hasard.
ctrl+c > ctrl+v : l’opération prend à peine une dizaine de secondes, copiant de la sorte ce qui a été écrit lors de la sortie de l’elliptique « Lux », il y a quatre ans de ça, et collant presque mot pour mot à cette dernière sortie. Une marque de fabrique lassante pour l’amateur 2.0 d’une nouveauté sans cesse tourbillonnante et audacieuse. Mais chez Eno, le propos est ailleurs, le rythme au ralenti.
Au cours de sa carrière, parsemée d’expériences et de sonorités multiples, le genre ambiant, tel que défini par lui-même reste peut-être au final le secret et obsessionnel fil directeur de son œuvre. Une même matière physique et cérébrale remodelée à chaque mouture, entre remise en question introspective et nécessaires points sur les « i » lorsque le genre alors défini échappe à son créateur, divisé en une myriade de genres et sous-genres du plus sombre au plus niaiseux.
Le présent album alors ne surprendra pas, entrant en résonance comme une énième déclinaison des infinies variations qu’offre une musique auto-générative initiée par ses prédécesseurs. Opérant par une sorte de synthèse additive, les nappes s’accumulent en strates réflectives qui saturent parfois l’espace environnant. Un sens de la respiration plus ténu et oppressant que ne connaissaient pas les « Lux » ou « Neroli » qui s’abreuvaient d’échos lumineux, échappant de la sorte à la présente mise en abyme sonore. Mais toujours, cet art maitrisé du micro-évènement suspendu, ce complexe enchevêtrement vibratoire seulement ponctué de silences d’un temps qui s’étire en non-dits. Une musique cultivant l’apesanteur mentale fertile à toute forme d’oisiveté assumée. Plutôt éloigné d’un « On Land » ancré dans le survol de topographies imaginaires, « Reflection » explore un territoire purement cérébral situé aux limites même de sa propre conscience.
Son qui devient lumière réfléchie. Sombre, apaisée et cotonneuseL'Un.
Brian ENO "reflection (Warp. 2017)
C'est toujours un plaisir de vous lire !Je viens de recevoir l'album, pas encore écouté...
RépondreSupprimerBien à vous,
Dionys