"then they started playing, they kept playing, they kept playing, I asked them to stop, but they kept playing, they kept playing, I said please but they kept playing. I still hear them, they keep playing, they keep playing" (David Tarling)
Versatile Oren Ambarchi. Multi-instrumentiste à l’œuvre pléthorique, son domaine de prédilection se situe quelque part entre l’improvisation, l’électronique, la musique contemporaine et le métal avant-gardiste. Collaborateur infatigable, on peine à lui imaginer une œuvre solitaire. Celle-ci oscille et vacille en boucle, forgée au gré des rencontres et des obsessions. En filtrant ces dernières, on peut isoler une attirance prononcée pour les structures répétitives et hypnotiques.
« Organiques », dit-on plus communément : avec Sagittarian Domain, l’idée est réduite à sa plus simple expression, démarrant sur une pulsation basse tout aussi invariable qu’une rythmique lancinante. Sécheresse chaloupée d’un groove au cordeau où foisonnent les feedbacks d’une guitare trafiquée. On embarque pour un voyage aux accents faustiens, dans la chaleur luxuriante d’une transe atonale. L’échine courbe, la moelle épinière se contracte alors même que nos terminaisons neuronales affolées cherchent encore à traiter le signal brouillé. Un bourdonnement mécanique centripète se crée, niché non loin des frontières parasitées de la techno et de l’essence d’un rock réduit à sa plus brute expression.
"Pendant
un bref instant tout de finesse, quelque chose de doux traversa mon
corps exténué. Je lui dis : ouvrez la fenêtre, depuis quelques jours je
sais voler" (Werner Herzog).
Il y a un parallèle évident à établir avec le récent « Tongue Tied », collaboration avec Johann Berthling. Sorte de variation sinueuse et progressive qui s’inscrit dans une symétrie opposée, pour finalement emprunter le même schéma précédemment employé par Sagittarian. Les comparses prennent leur temps, se cherchant l’un et l’autre, dans un long premier morceau erratique où les aplats d’orgue hammond offrent un cadre aux reptations d’une basse déliée. Ce n’est qu’au bout de 7 minutes que l’élément rythmique s’installe. Oren Ambarchi opte pour une approche plus discrète, son jeu s’appuyant sur l’utilisation des cymbales et balais qui relancent invariablement une pulsation soutenue mais aussi plus aérée. A un certain point d’équilibre jugé atteint, s’enclenche cette répétition à nouveau implacable. Mais les tonalités sont plus chaudes, la mise en boucle moins rigide, et le corps précédemment oppressé dans un carcan indépassable cède là le terrain à un esprit alerte et apaisé qui retrouve l’espace nécessaire à sa respiration, et ce qu'il y a, après…
L'Un.
Oren AMBARCHI : Sagittarian Domain (Edi° Mego. 2012)
Oren AMBARCHI & Johann BERTHLING (Häpna. 2015)
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