lundi 1 juillet 2013

Mathias DELPLANQUE : "Chutes"

Enfin.
On tient là un troublant travail d'orfèvrerie en perte d'équilibre.
Enfin, car depuis le dernier Murcof, la fructueuse collaboration entre un Steve Roden volubile et Steve Peters, il était inconsciemment très attendu ce trop discret Mathias Delplanque, les oreilles avides de vertiges aux couleurs fractales. Suite discontinue dans une discographie d'ordinaire plus encline aux préoccupations géographiques (« Parcelles 1-10 », « le Pavillon Témoin », « Passeport », « Ma chambre quand je n'y suis pas »), « Chutes » est une absence de repères stables, un appel d'air qui se dérobe sous nos pieds, les titres souvent composés d'une suite aléatoire de 3 lettres, improbables syllabes. Divagations erratiques d'une installation électroacoustique éprouvée au gré de concerts improvisés ça et là, electronica qui s'ignore, le plus tranquillement du monde occupée à décomposer avec méthode tout un jeu de matriochkas, jamais assez près d'une dislocation imminente,  invitation à la  flânerie casse-gueule entre lignes de fractures et perspectives fuyantes. Avec un contrôle parfait sur cette mise en abîme télescopée, Mathias Delplanque rend accessible cette part indicible en nous qui existerait, entre le sol et sous les pieds, avec ce sens intime de la relation à l'instant, armé de trois bout de ficelles électroniques, une guitare disséquée et un petit xylophone.
Guère plus, je crois, pour qui compose sans filet.

L'Un

Mathias DELPLANQUE "Chutes" (Baskaru. 2013)


Mathias Delplanque : "Fell" from Bruit Clair Records on Vimeo.

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