Et... vous savez le prononcer, son nom
?
Moi non plus.
Alors on ne remerciera jamais assez le
label AfricanTape de s'improviser archéologue défricheur en allant
fouiller de vieilles archives circa 90's et de s'éloigner de plus en
plus de son terreau de prédilection, en se frottant cette fois à
une certaine idée du jazz... Et là est toute la question, le nœud
gordien à trancher et le sujet de thèse de comptoir. Car peut-on
vraiment parler de jazz ??? Une instrumentation plutôt
classique peut conforter dans ce sens :
contrebasse à l'archet, batterie et au choix voix de crooner, saxes
ou piano ne constitue pas à priori le trio gagnant du dynamitage de
genre. Mais quand le disque part en vrille, ne décolle parfois que
pour mieux se ramasser la gueule, on doute sérieusement de la
capacité d'un gardien d'une certaine et regrettable orthodoxie à
supporter « ça ». Une pirouette feignante, et on
pourrait parler de post-jazz ; plus prudemment
l’étiqueter d'un free-form fourre-tout, histoire de mieux
noyer l'anguille filante dans son élément. Mais peut-être que The
Blue Fairy Mermaid Princess n'est en soi que musique de bars, se
nourrissant de la fumée de ses conversations en volutes. Micah Gaugh
est un clochard céleste moderne qui nous délivre une poésie avinée de
crooner atonal, en regardant passer les anges (ou l'âne) dans la
salle. Bien sûr il rappellera un Charles Gayle, alternant de la
sorte sax ou piano, et il ira se frotter à free Albert quand la
tonalité devient fougueuse. Mais sa musique ne sera jamais aussi idiosyncrasique que lorsqu'elle se perd dans les méandres avortés
de structures hésitantes, quand la prose déclamée devient
soliloques évanescentes jetées à la face de son audience pour être
vite oubliées. Et là se planque précisément toute l'essence du
jazz, même si on ne l'oublie que trop confortablement : quand
se confronte cette pulsation intime à toute la fragilité même de
l'instant créateur.
Moment bancal de musique vaudou pour
mélomanes égarés dans une bonne défonce au crack, brother.
L'Un
Micah GAUGH TRIO : "the blue fairy mermaid princess" (AfricanTape. 2013)
son album en intégralité sur la page bandcamp du label
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire