lundi 14 mars 2011

FIREWATER - The Golden Hour

En 2004, ce grand sensible de Tod A. s'est fait larguer, et du coup se retrouve sans foyer et un brin fauché. Il ne semble pas non plus avoir apprécié plus que ça la réélection de George Bush II. Il n'en faut pas plus que ça à tout individu lambda du genre masculin pour se mettre à :

- boire comme un trou (et/ou)
- pratiquer le bodybuilding cinq heures par jour (et/ou)
- baiser à couilles rabattues (et/ou)
- entamer tranquillement une dépression qui, à coup sûr, se finirait par l'achat d'un fusil à pompe et d'une poignée de chevrotine dans la poche. Une fois le canon scié, je vous laisse deviner la suite dans les rues animées de New York (remember, Taxi Driver ?..)

Malin comme un singe et pas si paumé que ça, il aura plutôt opté pour la solution que tout gentilhomme digne de ce nom se doit de faire dans ce genre de situation inextricable: tout plaquer avant d'être rattrapé et partir voyager pour une période indéfinie ; le grand truc initiatique quoi. Simplement, il n'aura pas oublié de prendre sa guitare avec lui et une paire de microphones. Son périple l'emmènera tout de même près de 3 ans, de Bornéo à Tel Aviv, en passant par la Thaïlande, L'Inde, le Pakistan et la Turquie où il aura côtoyé des musiciens d'horizons différents.
Le présent opus se veut la transcription musicale d'une longue errance émaillée de moments de doutes, de vide ou de plénitude. Vraie musique de rencontre, fausse musique du monde qui en a heureusement loupé l'écueil, ce carnet de voyage d'instantanés se nourrit de diverses collaborations enregistrées ça et là : musiciens banghra du Punjab, musiciens turcs tziganes ou israéliens. Avec la présence de Tamir Muskat aux baguettes (de Balkan Beat Box, co-producteur du présent album), les structures rythmiques donnent à l'ensemble une certaine cohérence et très souvent une touche truculente.
Un raccourci et rappel historique vient renforcer cette impression : les Roms, d'origine indienne ont lentement migré au cours des siècles pour s'installer en majeure partie dans les Balkans, emportant avec eux leur traditions. Il n'est donc pas étonnant de retrouver une similitude entre certaines structures musicales balkaniques dont se nourrit goulument le style de Tamir Muskat et celles du Nord-ouest du sous-continent indien visité par notre pèlerin sans bâton. La boucle est bouclée ?
A ça il est impossible d'oublier la voix éraillée et l'ironie grinçante de Tod A. , marque de fabrique de Firewater s'il en est, et une bonne dose de lyrisme épique... L'ordonnancement des morceaux suit une trame narrative, et les textes et ambiances mis bout à bout nous racontent toute l'histoire, des raisons qui motivent le voyage, jusqu'au retour un peu désabusé « chez lui » (s'il existe encore), en passant par toutes les émotions intermédiaires propres à un long périple. C'est direct et incisif (« This is my life »), déchirant (« 6.45 », « Feels like the end of the world »), lucide comme toute fuite en avant (« Some kind of kindness », « Three-legged dog ») et souvent enjoué. Même si quelques longueurs se font sentir à mi-chemin, ça n'affecte en rien la dynamique peu commune qui séduit, happe et transporte l'écoute du début à la fin... en mode repeat.

L'album dénote trop des productions précédentes pour ne pas se demander si une suite est possible : on ne se remet pas comme ça de pareille aventure, sinon de continuer dans le même sillage ou d'effectuer un virage à 90, enfin réconcilié avec soi-même.
« The Golden Hour », l'heure bleue donc, est cet instant ténu en fin de journée, lorsque la lumière du ciel s'assombrit, le temps s'arrête, le moment magique. Notre troubadour. vieux chien entre les loups la définit simplement comme le moment où il fait un peu moins chaud sous les tropiques, et qu'il apprécie alors pleinement une bière fraiche et une cigarette en rêvassant à regarder les étoiles et la lune, sans trop penser au lendemain.

(ps : aux tout dernières nouvelles, il paraitrait que l'aventure Firewater est loin d'être finie, et q'un nouvel album pourrait sortir dans pas si longtemps que ça )

L'UN

du son sur :
FIREWATER : The Golden Hour. Bloodshot records - 2008



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