Pas vraiment un cadeau pour les oreilles chastes, les culs-serrés et les collets montés... Ce qui, au bout du compte fait beaucoup de gens qui vont passer à côté de nouvelles sensations qu'ils n'ont d'ailleurs jamais envisagé dans un futur proche comme éloigné (et précautionneusement balisé). C'est pas non plus du mou pour minets, ça les gars. Un des power trio tendance lourde, très lourde, parmi les plus sous-estimés de la décennies 90, réactivé depuis quelques années surtout depuis leur signature récente chez HydraHead. Harvey Milk c'est ce truc au gros son qui constitue le parfait triangle isocèle inachevé avec Jesus Lizard, ZZ Top et Godflesh à chaque extrémités. On les a beaucoup assimilé aux régurgitations rampantes du sludge métal pour des raisons formelles évidentes et évoqué l'influence (très) indirecte de Léonard Cohen pour des raisons beaucoup moins évidentes. Ca se complique, surtout si on s'entête à vouloir chroniquer le tout dernier album au titre toujours plus obtus (si on considère que celui du précédent opus était déjà pas mal gratiné : « Life, the best game in town » . Ah ah. Bien vu les mecs.). Les filiations sont caduques, les classifications par trop limitatives. Si au fil de leur discographie, un certain style accouché aux forceps et dans la plus totale hétérogénéité peut se dégager, louvoyant de façon très incertaine entre les influences précédemment citées, là, il semble que le groupe s'essaie avec zèle à une certaine forme de jusqu'au-boutisme couillu et désespéré, synthèse même de l'essence de ce qu'il a toujours cherché à être. Le coming-out style mur de son saturé dans lequel on s'écrase sans recours aucun. Vous me suivez toujours ? Un rapide balayage des titres, inventaire à la Prévert des Souffrances du jeune Werther, et on sait déjà que c'est de la lose intégrale dont il s'agit, à moins que les gars n'aient un sens du sarcasme hautement développé ("I just want to go home", "I alone got up and left"...). La première écoute renvoie à l'idée qu'on peut se faire d'un requiem balourd et pataud de bucheron incestueux noyant moult tourments dans l'alcool et les sédatifs, avec ce petit rai de lumière qui point à qui sait l'attendre. Parfois. A la deuxième écoute on commence à se dire qu'on tient là un très bon album viscéral et puissant et cathartique, tout en rage sourde et rentrée. A la troisième écoute la qualité d'écriture devient... lumière. S'affirme et s'efface dans un maelström bourdonnant de larsens gras, de coups de massue et ce qu'il faut de petites touches de piano éparses.
Probablement un petit pas, à peine audible, pour la rédemption de l'humanité et une bonne nouvelle pour l'année 2010 écoulée.
Harvey Milk ? Le groupe, pas le film...
L'UN
HARVEY MILK - A small turn in human kindness, Hydrahead, 2010.
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