« La tentation d'une île »
L'Un.
Gonçalo F. CARDOSO : "Exotix Immensity" (Discrepant. 2024)
« La tentation d'une île »
L'Un.
Gonçalo F. CARDOSO : "Exotix Immensity" (Discrepant. 2024)
GOAT (JP) "Without References / Cindy Van Acker" (Latency. 2025)
Chronique paresseusement rédigée par une journée orageuse du mois d’août 2025.
On va pas refaire la petite grande Histoire avec la première période et encore moins se salir les mains inutilement dans ce qu’est devenu cette parodie de label. Non : c’est la tête chercheuse qui signait des groupes à tour de bras qui nous intéresse, SST Records à incarnait parfaitement un certain esprit d’une certaine époque. Celui d’une scène qu’on ne qualifiait pas encore d’indé, presque naïvement ouverte à tout, avant la grande récupération par les Majors dans la décennie suivante… Depuis, le fond de catalogue (piètrement géré) a pris la patine du temps, des petites pépites surannées à (re-)découvrir, même si relevant parfois plus souvent de l’anecdotique sympathique.
ALWAYS AUGUST. Rien que pour ce nom doux-amer, qui rappelle les promesses perdues de nos derniers jours de vacances. Pour la pochette au graphisme naïf. Le propos garde cette même candeur indolente avec ses alternances de compos maladroites et de jams sessions un peu molles et paresseuses. Avec sa langueur candide, Largeness Without (W)holes est un disque d’à peu-près qui à lui seul résume la décennies 80’s (probablement mieux que tous les revivals surexposés qu’on nous assène). Le disque de potes, qui voient leur rêve se réaliser avec la signature inespérée sur le label le plus cool de l’époque. Pas un morceau marquant ou un air entêtant. Juste cette agréable sensation vaporeuse.On ne sait pas vraiment où finissent les répétitions de garage et où commencent les compositions en filigranes au fil des morceaux qui s’enchainent et s’effilochent sympathiquement. Un peu de flute, des échos lointains de section à cuivre ou quelques cordes frottées pour renforcer cette impression de jazz brouillé. Certains audacieux (ou fans transis) y voient la rencontre du GRATEFUL DEAD et du BLACK FLAG. On en est loin du compte, l’argument de supermarché ne tient pas la route face à ces mastodontes du solo de guitare à l’infini. Mais l’idée y est, et ALWAYS AUGUST est de ces albums qui vous donnent envie d’embrasser le reste du catalogue à bras ouvert (allez : je pense à TAR BABIES, OPAL, SLOVENLY ou ALTER NATIVES !). De les redécouvrir, sans filtre, juste pour apprécier l’air d’un temps révolu à l’ombre d’une belle journée d’un mois d’août caniculaire.
L'Un.
ALWAYS AUGUST "Largeness Without (W)holes " (SST Records. 1987)
"New York I love you, but you're bringing me down" (James Murphy)
Alors pas certain que les saillies boudeuses des Américains (qui plus est) de BOWERY ELECTRIC s’inscrivent parfaitement dans cette mouvance, mais à l’époque on ne parlait pas encore de drone-music, et au final l’essence du trip-hop réside peut-être dans ces expérimentations hybrides, ouvertes et inclusives. L’étiquette est vendeuse, mais à part ce très fort sentiment de vacuité vaporeuse qui vous étreint dès les premières pulsations, la musique de Beat semble davantage puiser dans les espaces infinis qu’offrent les bourdonnements continus tels que définis par La Monte YOUNG, ou les brouillards cafardeux du shoegaze, ce drôle de sous-style musical aux contours floutés. Atonale du début jusqu’à la fin évanescente sur cet album grésillant. Comme un lent cheminement vers la lumière pâlotte et vacillante. Les textures de cet album alangui sonnent comme une reprise sédative d’un No Fun vidé de sa substance iguanesque. Alors trip-hop pour l’atmosphère et ces boucles rythmiques répétitives à la proto-SCORN, pourquoi pas ? Ou sinon de jeter une oreille sur leur 3° et dernier album Lushlife plus accessible. Beat est de toute façon parfaitement en phase avec son époque faussement décontractée. Pour le reste, ce n’est peut-être là que de la musique de périphériques déserts pour lunettes noires, nuit et lignes blanches…
L'Un.
BOWERY ELECTRIC : "Beat (Kranky. 1996)