(chronique rédigée en mars 2024)
Cette année on s’était mis en
tête de continuer paresseusement cette exploration des à-côtés, à dénicher
quelques pépites heureuses, logiquement passées sous les radars dans un silence
de rigueur. Et ce Sir Robert WILLIAMS coche toutes les cases. Et surtout
ne rentre vraiment dans aucune de ces cases indéfinies : la paresseuse
notion d’OVNI musical qu’on applique abusivement à toute production légèrement
décentrée prend ici tout son sens. La liberté non pas d’expression, mais plutôt
d’explorations tous azimuts, semble être le vecteur du sextet articulé autour
des frères LOBO et du pianiste Giovanni Di DOMENICO. La liberté de forme
s’impose aussi pour définir les contours fuyants d’OBA LOBA. L’inaugural
Legionella avec ses accents de musique de chambre douce-amère est un
chausse-trappe de façade qui ne nous prépare pas aux divagations suivantes dans
lesquelles se confondent allègrement l’improvisation et l’écriture, le
minimalisme ou les tentation free. Pas si éloigné du rock de chambre des années
ART ZOYD ou UNIVERS ZERO tout ça, si Honiera ne venait pas balayer tout ça avec
sa chaloupe subtropicale. Comme un Tom JOBIM 2.0 qui débarquerait dans les
salons poussiéreux des vieilles avant-garde européennes… Le fil de l’eau suit son cours placide en
égrenant des passages quasi contemporains à la FRITH/FRIPP. Et paf : au
détour du morceau éponyme (Sir Robert Williams) tendu et décharné on prend un
début de claque modulaire pour se barrer dans cette vague sarabande de jazz de
fanfare et autre prog-rock. Le voyage, nullement conceptuel, est incongru,
espiègle. Sans fin, ni fond, ni forme aboutie par ailleurs : ce qu’on
attend, parfois, de l’acte musical : de sortir très légèrement des
sentiers battus, le pied droit dans la boue et l’oreille gauche collée sur le
bitume ramolli.
L'Un.
OBA LOBA "Sir robert Williams" (SilentWater. 2017).
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