Album en chausse-trappe
dangereusement fait maison. Et grand bond en arrière à flirter avec la
no-wave et les expérimentations basiques (= analogiques ?) de la face
sombre et cachée de ces années 80’s trop rutilantes pour être honnêtes. Le Nauhoi
de l’artiste finlandaise Heta Bilaletdin, bien que daté de 2021, semble tout
droit sorti de cette époque à la créativité embryonnaire et foisonnante où le
DYI ne s’appelait pas encore home-studio. Les techniques sont mixtes et
presque désuètes ici : heureuses rencontres entre vieux objets trouvés, vieux
synthés, vieilles bandes magnétiques, vieilles guitares désaccordées (et
probablement vieux computer…) et une musicienne tapie dans l’ombre à glaner ses
sons et ses trouvailles de chez Castorama au fil de la dernière décennie écoulée, là où
d’autres accumuleraient paisiblement les strates sédimentaires au fond de
l’océan. Musique de bricolage donc, comme un acte de résistance inconscient aux
techniques de productions lisses et millimétrées d'une époque qui se veut aseptisée. Ça fleure
bon le 4 pistes et une kyrielle d’effets analogiques qu’on peine à modéliser en plugins pour Ableton : le cauchemar du beatmaker d’aujourd’hui, quoi (ou une
source d’inspiration inespérée…). Et on tient là une espèce de synth-pop foutraque,
un peu ambient, un peu dark, un peu cold aussi, et dont les
reptations anémiées ne cessent de vriller nos oreilles, nos sens et notre
sourire. Nostalgie 2.0.
L'Un.
Heta BILALETDIN : "Nauhoi" (Fonal. 2021)

