On devrait toujours avoir besoin d'un passeur dans la vie : le voisin de la rue des Bouteilles
avec sa 10zaine d’années de plus que moi était parfait pour ce rôle. Ce nombre
incalculable de soirées à se refaire le monde, fenêtres ouvertes, de s’initier
à une dialectique des plus sommaires, mais surtout se passer des disques.
Surtout lui d’ailleurs. Par son entremise, j’ai pu tranquillement accumuler
quelques fondamentaux du jazz (Mingus !) et surtout de ce qui se faisait
en rock dans les années 70’s. les noms défilaient comme Peter Hammill, Lou Reed
ou encore Robert Wyatt ne me parlaient pas encore mais constituent encore une
base sur laquelle je n’ai eu cesse de revenir. Mais l’impact d’On Land a été
direct et radical : une plongée délicieuse dans un flux cotonneux jusque là jamais
expérimenté. Disque de chevet par excellence, racheté en cd depuis, il a depuis
été joué plusieurs centaines de fois gardant toujours sa part d'ombre...
Près d’une quarantaine
d’années plus tard, le son reste toujours aussi riche et organique, le grain
profond des synthés se mêlant le plus naturellement du monde à des captures
sonores bidouillées. Sur chacune des pistes, l’impression physique de survoler des
topographies sonores voilées par les nuages d’une aube sans cesse reculée. Une puissance
évocatrice rarement égalée par la suite ; même si (parmi les plus connus) BIOSPHERE
ou LOSCIL peuvent aisément revendiquer l’héritage de cet album unique et
visionnaire.
L'Un.
Brian ENO : "On Land" (Editions EG. 1982)
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