mercredi 20 décembre 2023

La playlist 2023 des Energumènes...

 Bonne(s) écoute(s). Et joyeuses fêtes !

Promis, l'année prochaine on ira déterrer un peu de vieux trucs qu'on écoute plus, quelques coups de projecteurs sur des micro-labels aussi. Et des trucs qu'on écoute pas trop...

jeudi 14 décembre 2023

2023 hors-champ : quelques disques qui ont compté cette année...

Le récapitulatif de rigueur des quelques trucs glanés ça ou là au cours de l’année, au fil des humeurs et des rencontres. Des disparitions aussi, et de quelques rééditions. Certains trucs auraient pu être chroniqués. Auraient dû, mais faute de temps, d’espace et d’inspiration (= flemme et procrastination)… Puis d’autres reflètent simplement le hors-champ de ce blog (= oui, on peut écouter d’autres trucs en loucedé). En bref, on ne va pas vous imposer un exercice de rattrapage, et encore moins l’exaspérant sempiternel best-of de l’année écoulée. Quartier libre, la main légère et une liste malheureusement non exhaustive !

 

Deux balises très personnelles de cette année qui ne tournent pas spécialement autour du dernier album d’untel ou LE truc à écouter d’urgence (que j’attends toujours même si je ne le cherche plus trop…), mais prennent leurs racines avec la disparition de deux artistes à part dans le tumulte en roue libre de notre quotidien. Deux outsiders assumés dont l’influence n’a et n’aura de cesse de s’amplifier…  Chronologiquement c’est Peter BRÖTZMANN et ses saxophones pachydermiques qui ce sont dissous dans un silence assourdissant. Le stakhanoviste de toutes les scènes jazz et free du monde est mort d’avoir trop soufflé ; épuisé. Déjà j’évoquais un aspect crooner inattendu dans le récent « I Surrender Dear », mais ses duos avec l’américaine Heather LEIGH nous dévoilent une facette encore plus tendre et poignante de ce moustachu mal débourré. Ecoutez « Sparrow Night », vite : Nous plongeons dans l’hiver sans trop savoir où on va, le moment est parfait pour déguster ce genre d’errances en sirotant un alcool fort et rassurant….

 

 


Aussi, ça a permis une replongée sans filet dans une époque (les 70’s ?), une attitude (bravache ?), une scène (la free improvised music européenne et affidés sans frontières), et au passage de découvrir cet album solo d’Anthony BRAXTON très justement nommé « For alto ». On n’en distille plus trop du raide comme ça !

 

 

 

Ou alors on le dilue dans un jus de fruit exotique chaloupé,  servi à température ambiante avec cette inattendue réédition déjà épuisée d’Androids de Robert BLACKWELL III.  

 

 

Puis ce fut au tour de la musique de détails en boucles trop discrètes de Steve RODEN de s’éteindre. Beaucoup trop tôt. Par-delà sa musique c’est cette humilité ouverte aux sonorités infimes de l’infra ordinaire qu’on retiendra. Une attitude exemplaire s’il en est qui peut aisément remplacer les Stratégies Obliques de Brian Eno pour qui est en manque d’inspiration… On peut trouver pas mal d’enregistrements inédits de quelques-unes de ses performances sur la plateforme Bandcamp, mais cette mixtape de sa collection de vieux 78 tours résume peut-être mieux le bonhomme, chineur invétéré qui pensait qu’il fallait absolument s’ouvrir à toutes les musiques lorsqu’on pratiquait une musique soi-disant expérimentale.

 

Les récentes prods de Thee OH SEES, c’est un peu comme du KING GIZZARD & THE ETC ETC (ou AC/DC…) : on attend surtout de ces bêtes de scènes que leur prochain album soit énième une variation évolutive sur un même thème +/- garage-prog. Mais des trucs comme A Foul Form ou 12’’ Synth sortis il y a déjà quelque temps s’inscrivent en parfait contrepoint. Le premier en hommage teigneux au hardcore punk séminal des années 80’s, le second allant puiser sans détour dans les sonorités grasses et analogiques des vieux synthés séquencés des années 70’s (on dit vintage maintenant…). Passionné, sincère et sans nuances.

 

 

The SHITS chroniqués en mai ou juin dernier m’auront permis d’aller creuser un peu plus dans la catégorie rock claustrophobe, misanthrope et lancinant. A réécouter 2 ou 3 morceaux des mythiques BRAINBOMBS mais aussi découvrir les Anglais de DRUNK IN HELL, dans un registre plus frontal, larsen et bas du front. 

 

 

 

Il n’y a pas beaucoup de place pour les artistes qui ont pignon sur rue sur ces pages : d’une part parce qu’ils n’en ont pas besoin, de l’autre parce d’autres, beaucoup d’autres, auront déjà tout dit et disséqué avec brio. Cette année cependant, le dernier Iggy POP m’aura fait sourire. Loin d’être un grand fan de sa carrière post-Stoogienne, les dernières productions ressemblent à une consécration enfin méritée et affirment ce côté crooner que l’Iguane a toujours revendiqué. Mais « Every Loser » ressemble à un pied de nez en forme de bras d’honneur, le septuagénaire fringant bottant le cul gras à pas mal d’aspirants rockers au teint blême. Crooner, ouais, mais sans jamais vraiment renoncer au titre de Parrain du punk.

« I Inside The Old Me Dying » de PJ HARVEY est l’autre escapade mainstream autorisée. Là non plus pas grand-chose à dire sur cette artiste accomplie, ayant toujours entretenu un rapport ambivalent avec son œuvre, entre distance et profond respect (tout comme BJÖRK qui parvient à m’agacer et me fasciner). Sur cet album douloureusement intimiste, ce sont les arrangements feutrés et brouillés qui peuvent évoquer du RADIOHEAD ou le Double Negative de LOW (que j’ai eu la flemme de chroniquer à l’époque…). Quelque chose d’un peu cafardeux, intimiste et toujours en phase avec son époque ; et sans trop d’emphase. 

 

 

Dans la catégorie auto-proclamée « cabinet des curiosités du douanier Rousseau », l’étrange gamelan newyorkais de ZEMI17 n’a de cesse de m’intriguer, entre fugue et raison, art ou cochon javanais. C’est un peu anachronique, et je ne sais pas trop où ils veulent en venir, mais dans un pur esprit d’orientalisme désuet et pour l’amour de la transe percussive, alors…. 

 

 

 

Plus sérieux, à la limite du scolastique, « Sacred Flute Music from New Guinea » collecté par Ragnar JOHNSON est une expérience à tenter une fois dans sa vie, histoire de se confronter à des conceptions parallèles à défaut de visions lancinantes. Et sans bouger son cul de son canapé (alors…). 

 

  

 

Beaucoup moins sérieux, on a Herbie MANN qui aura trimballé sa flute aux quatre coins du monde entre jazz, fusion(s) et un certain sens du kitsch. Capable du meilleur (Stone Flute) comme du pire (euh.....), il y quelques saillies dans sa discographie world-muzak avant l’heure : et « Gagaku and Beyond » en fait partie (tout est dans le titre).

 

 

 

Contre toute attente, cette année aura aussi été ouverte à reconvoquer une certaine idée de l’électronique des années 2000, à puiser dans les seconds couteaux. Peut-être la faute à LAGOSS qui a ressuscité cette boulimie d’électro/IDM essentiellement axée sur les polyrythmies doucereuses : MINAEMINAE, ISAE (aka Robin SAVILLE), « Habitt II » de J. FOERSTER, « Codes of Nature » de Samuel ROHRER ou « Over Tage » de Svaneborg KARDYB. Quant au dernier Josh MASON il réveille presque les premiers émois quand on découvrait les travaux de MOUSE ON MARS ou OVAL… 

 

 

 

Et puis ce petit choc aux conséquences fractales, à force de fouiner dans cette électro frémissante de la décennie précédente : Kieran HEBDEN. Plus que connu désormais sous son alias électro FOUR-TET, il versait alors dans des jams électroniques touffus emmenés par les patterns alambiqués du batteur Steve REID : danse de Saint-Guy épileptique au rendez-vous.

Un batteur rompu à toutes les expérimentations (?), un trompettiste ouvert (??) et un bassiste qui aime à trafiquer électronique et les surdoses d’effets (???). Le TRIO KOSMOS part direct visiter quelques territoires connexes qu’ont pu en leur temps défricher Jon HASSEL, le Miles ou même SUN RA. Du space-jazz bien calé qui ne craint pas quelques embardées spatio-temporelles roboratives. Ca rassure sur l'état de santé de la "scène" hexagonale contemporaine lorsqu'elle est capable de sortir de cette zone de confort nombriliste.

 

Voilà. Si vous pensez qu'il y a quelques carences prononcées sur ce blog pour tout ce qui tourne autour du rock, ce n'est pas faux, alors on s'en colle un petit dernier derrière la cravate avec POISON RUIN et son (post-)punk old-school qui arrive à  convoquer l'esprit de CR@SS, des frères RAMONES ou le proto-crust d'AMEBIX. Classique au final, œcuménique et entrainant. Le disque sympa quoi, sans trop d'effets de manche. Et c'est déjà pas mal.

  

Last but not least, comme un dernier effet de manche et parce qu'on est fier au final de vanter promouvoir  le travail de quelqu'un qu'on connait depuis les années lycées, c'est As Red As Your Lips de LAUDANUM ! Ou l'amour de belles textures synthétiques, des chansons classes et un featuring de luxe. Beau parcours depuis ta première cassette avec boite à rythme et guitare, Matthieu !!

vendredi 8 décembre 2023

Valerio TRICOLI : Say Goodbye To The Wind

 "Autant en emporte le vent" (?)

 

 

Depuis longtemps, cette impression difficile à définir, que la péninsule italienne reste un vivier foisonnant de musiciens qui aiment à forger la physicalité du son avec leurs mains, des oreilles acérées, et un bon Revox B77 reel-to-reel dans le cas de Valerio TRICOLI. Membre du collectif bolognais 3/4HADBEENELIMINATED qui manipulait ses paysages sonores souvent improvisés en temps réel, il a développé en parallèle une carrière en solo recentrée sur la composition de musique concrète pure et dure.  Cinquième, sixième album ?  Pas vraiment vérifié mais ça fait des années que n'importe laquelle de ses productions aurait dû être chroniquée sur ces pages. On se rattrape avec ce dernier opus paru en 2022 sur Shelter Press. "Say Goodbye To The Wind", n’est pas vraiment un adieu aux armes ou un point d’orgue, mais capte plutôt le flot continu de Valerio TRICOLI au confluent de la maturité, de ses doutes et obsessions qui jalonnent son œuvre, comme le dehors et le dedans, l’absence, l’espace et la quête de l’illumination profane. Trois pièces qui illustrent des thématiques très personnelles voire intimes. Les bandes magnétiques sous ses doigts prennent la forme d’un métier à tisser aux intrications à la fois complexes et nébuleuses qui distillent et exorcisent doutes et interrogations existentielles. Parce que les sons fixés puissamment organiques de Valerio TRICOLI ont cette capacité à jeter des ponts entre le tangible et la confusion de nos sens. La réponse reste évanescente, parcourue de lignes fuyantes sous le fourmillement incessant des cliquetis, bruissements et voix éthérées. "Say Goodbye to the Wind" est un canevas dense foisonnant dans lequel se noient quelques voix fantomatiques en suspens. L’œuvre pour Valerio TRICOLI fonctionne comme une caisse de résonance sur le rapport qu’il entretient avec le monde du dehors et cet au-delà enfoui, souvent caché à nos cinq sens. Et seuls quelques médiums savent encore le déchiffrer, dans un monde vibratoire sursaturé.

 

 

L'Un. 


Valerio TRICOLI : Say Goodbye To The Wind (ShelterPress. 2022)

 

 

lundi 20 novembre 2023

Trevor DUNN & Kevin RUTMANIS : "CRACKPOT WHOREHEAD"

 « Ils peuvent t'assigner à comparaître. Ils disposent de jurys d'accusation permanents réputés pouvoir mettre en examen un burrito ». (T. Pynchon)
 
 
La rencontre faussement inopinée de deux bassistes ça mériterait pas de s’y arrêter, histoire de faire le pendant à la rubrique Disques de Batteur qui saturent les pages de ce blog ? Deux têtes de pioche avec leurs grosses mains à quatre doigts dont les cv respectifs balaient le spectre de tout ce qui s’est fait en déviances musicalistiques et autres rogatons sonores scrofuleux de la contre/sous-culture américaine des trois dernières décennies. Les gars se sont croisés sur des trucs comme Tomahawk (c’est du Jesus Lizard empâté - et surtout sans David Yow,  donc chiant…), Melvins (les derniers mohicans d’un rock efficace farouchement indé – et sympa – qui a toujours eu tendance à interchanger les bassistes) ou encore Fantomas (un peu comme du Mr Bungle mais en moins chiant). Si Trevor Dunn est surtout connu pour faire partie de Mr Bungle (la fusion casse-bonbon des années 90’s poussée dans ses retranchements – très chiant) et des collaborations au sein des diverses formations du stakhanoviste John Zorn, Kevin Rutmanis lui est surtout méconnu pour avoir fait partie des Cows, un quatuor irrévérencieux, déjanté et surtout largement sous-estimé dans les eaux fangeuses de tout ce que les bas-fonds de l’alt-rock US auront produit de cool (= vaseux) depuis une trentaine d’années. En bref c’est beaucoup plus rocailleux et jubilatoire que la musique de ces pleurnichards de Nirvana, mais nul n’est (faux) prophète en son pays, surtout au sortir de cette décennie nauséabonde et clinquante que furent les années 80’s… Il y avait donc une sacrée matière à conversation de comptoir entre ces deux derniers mohicans des scène underground… La collaboration s’est faite à distance, par échange de fichier. On imagine la surenchère des gaziers à chaque réception dans la boite mail, « mais qu’est-ce que je pourrais ajouter pour faire encore plus chelou, bien chépère ? ». Parce que le résultat s’apparente plus à un bricolage exutoire avec les miettes de leurs poches, quelques notes griffonnées à l’arrache sur les bocks de bière (juste avant que le rade ne ferme). On traine dans les bas-fonds sans fin d’une cérémonie de potlatch qui tient d’une libation hallucinée dans les arrière-cuisines de Las Vegas Parano, même si on n’est plus vraiment en quête du lapin blanc, à tailler sa couenne en pièces de la sorte. Délibérément foutraque comme une tentative de free-jazz bâtard tronquée dans une sorte de longue flatulence syncopée, on vacille entre la série Z et la scie musicale. Télescopage de nappes, de textures et d’humeurs erratiques où on cherche souvent la présence des basses dans ce cauchemar paranoïaque : saturées, triturées à l’envi, rondes parfois elles sont souvent en embuscade à cimenter ce corpus toxique de compos anguleuses. Déflagration à peu près aussi digeste que la dose quotidienne d’opioïdes sous ordonnance de la ménagère middle-class de moins de cinquante piges. Parce que ça devrait être comme ça aussi, la musique estampillée « indie » ou « alternative » : un truc de freaks.


L'Un. 

DUNN with RUTMANIS :  "Crackpot Whorehead" (Hepa-Titus. 2023)

lundi 6 novembre 2023

ELODIE : "Vieux Silence" (ou : "pour en finir une bonne fois pour toute avec la musique ambient…)

Ad nauseam est peut-être ce qui qualifie le mieux mon rapport à l’ambient-music. Le genre est vaste, ramifié mais se perd souvent dans les vertiges de la pornographie technologique, des drones barbants à souhait, avec leurs textures léchées au millimètre, et bien évidemment l’écueil du mauvais goût du new-age, cette musique d’autoroute sans fond et de supermarché hagard débitée par palettes entières. Après tout comme me le confiait un pote autour d’une bière, l’ambient se résume finalement à une poignée d’albums et de musiciens pionniers (non, cette fois-ci je ne les citerais pas…) qui n’ont pas cessé d’être imités et déclinés à l’infini depuis.  La seule différence résidant peut-être dans les raccourcis confortables qu’offre une technologie (qui plus est abordable). Dur de se démarquer dans ce marigot déjà bien pavé et balisé par d’indépassables mètres étalons. Mais c’est peut-être là le dilemme commun à tous les genres, styles de musique actuels où il est difficile de se renouveler. Vaste débat stérile que quelques récentes sorties d’albums qui ont encore cette salutaire capacité de nous émerveiller rendent heureusement caduque (j'espère ne pas copier/coller ce laïus pour chaque chronique d'ambient muzak) 
 

 

Focus sur ce Vieux Silence donc. Et c’est précisément en sortant du cadre étriqué d’une ambient canonique que le duo d’ELODIE impose avec une douceur presque impalpable son style désuet. Secret jalousement gardé par une autoproduction confidentielle, ELODIE, c’est le projet d’Andrew Chalk et Timo van Luijk. Douzième album édité par un label qui a un petit pignon sur rue, Vieux Silence représente le sommet à peine visible d’un iceberg dont la base immergée n’a de cesse de fondre tant la chaleur semble suinter à chacune de leurs rencontres. Si le résultat trouble s’apparente à une dark ambient chargée d’échos mélancoliques, le procédé lui relève d’une musique de chambre close avec sa panoplie réduite d’instruments bien acoustiques (piano, clarinette, guitare). Musique d’esquisses évanescentes sous un lumière faiblarde, la superposition des motifs s’étirent et se croisent en un continuum au final plus organique et évolutif qu’un simple bourdon qui se contemple dans la stase. On pense aux vieilles boites à musique de notre enfance passées dans des filtres fuyants. Ritournelles hypnotiques de cette neige que l’on entend à peine tomber dans un crépuscule douillet, des voix hantées sorties d’un autre temps hantent l’album par leur silence imposé. En renouant avec une certaine tradition instrumentale contemplative, le duo d’ELODIE parvient à réinventer ces paysages intimes que n’arrivent plus forcément à nous proposer les productions à grands renforts de synthés surpuissants et autres réverbérations onéreuses. De quoi réconcilier tout le monde à commencer par moi-même. 

 

 

L'Un.

 

ELODIE : "Vieux Silence" (IdeologicalOrgan. 2022) 

 

 

mardi 17 octobre 2023

GELD : Currency // Castration

"public castration is a good idea" (Michael Gira) 

 

C’est vrai qu’on n’entend pas souvent parler de la scène hardcore punk australienne, les nouvelles provenant des antipodes ayant toujours autant de mal à circuler malgré l’invention d’internet depuis plus de 30 ans… Mais là c’est à coup de catapulte que l’info a dû arriver par chez nous. Ce sous-genre musical (et toutes ses variations subtiles et légères) n’a certes jamais été avare en fulgurances et autres poussées d’hormones, mais c’est rare de nos jours qu’un groupe parvienne à cocher tous les critères qui le placeront juste au-dessus de la mêlée. Là, nos kangourous sur ressort piétinent littéralement la tronche blafarde de pas mal de leurs coreligionnaires. C’est pied au plancher qu’ils nous délivrent un hardcore brutal et rampant qui doit plus aux pionniers des années 80’s qu’aux récentes déclinaisons métalleuses . Des soupçons de d-beat (Dischaaaarge !), quelques éclats de grindcore teintés d’un death n’roll bien noisy  - ou nauséeux selon l’humeur. L’approche est bien frontale et débarrassée de toute prétention sans autre féroce prétention que d’aller s’encastrer dans le mur du son. Peu de répit, si ce ne sont un ou deux morceaux mid-tempo, le principe retenu est l’agressivité maximale, desservie par une complexité rythmique sans ouverture et un art du riff qui rappelle souvent Poison Idea. Et tout ça dans une cavalcade à couilles rabattues couverte par une voix grésillante de goule encapuchonnée. La production est sous pressée, le grain crade histoire de restituer l’urgence viscérale qui hante l’enfilade de morceaux. Rien de franchement innovant, pas de message spécifique à cracher au monde, juste le plaisir de délivrer une énergie sauvage parfaitement canalisée. La réussite de cet album vient peut-être du fait qu’il réside quelconque menace indicible, cette part de démence additionnelle qui manque à l’immense majorité de groupes qui se contenteront d’une qualité d’exécution au cordeau. Avec Geld, on sent qu’on est toujours prêt à faire péter ce cadre. Toute la nuance entre les pyjama parties d’étudiants et une petite séance de castration entre amis.

 

L'Un.

GELD : "Currency // Castration (Relapse. 2023)