jeudi 22 septembre 2022

SOUL GLO : Diaspora Problem

 "The nigga in me is me" (Soul Glo)

 

SOUL GLO ? c’est la réponse en forme de douche froide et joyeusement furieuse à l’assertion que le hardcore est un genre moribond, qui verse trop souvent dans l’auto-complaisance et l’excès de testostérones. Ce quartet de Philadelphie prouve qu’on peut continuer de prendre des directions déviantes, avec une bonne dose d’auto-dérision en laissant le gros melon souvent de rigueur de côté. Le quartet de Philadelphie qui vient de signer son petit dernier Diaspora Problem autoproduit sur Epitaph, n’a pas pour autant baissé la garde ou poli les rugosités de son propos. Hardcore de combat, combat de rue : le groupe nous balance une poignée de petits brulots revendicatifs ultra vénères. Cavalcade de morceaux qui s’enchainent sur un rythme effréné, avec des breaks ultra-rapides : Jump !! (or get Jumped) en est la parfaite illustration. Le mid-tempo, rare, prend la forme d’un hip hop bâtard et lancinant (Driponomics) ou du troublant Spiritual Level of Gang Shit qui oscille entre un groove paresseux et des blast beats à couilles rabattues…. Un niveau de folie rageuse rarement atteint qui propulse ce Diaspora bien au-delà de l’urgence qui caractérise souvent le punk hardcore; lorsqu’il est de bonne facture…. La scansion sur-vitaminée et parfaitement inintelligible de Pierce Jordan ne sont certainement pas étrangères à ce sentiment d’hystérie permanente qui transperce l’album de part et d’autre. Avec une production sous-pressée et leur  attitude DIY irréprochable, SOUL GLO me rappelle cette effervescence des débuts du HxC américain ; le groupe n’aurait pas fait tache dans le catalogue du label Dischord… D’ailleurs, une comparaison rapide et facile s’impose avec les mythiques Bad Brains… Pour la rapidité d’exécution et la démence du frontman, peut-être, mais certainement pas pour la poignée de spliffs, le trip Jah-love et son corollaire de propos homophobes… Parce que SOUL GLO est plutôt un groupe concerné et malheureusement bien en phase avec le triste constat de son époque. Affligé, quand près d’un siècle de mouvement de lutte pour les droits civiques se termine en queue de poisson dans le marécage fangeux d’un trumpisme à tête de bison décomplexé. Les combats à mener sont multiples, surtout lorsqu’on appartient à la communauté afro-américaine. Au passage, le groupe n’oubliera pas d’embarquer la gent féminine dans ses vitupérations (avec entre autre Mother Maryrosesur, Dj BEARCAT….). Engagé ou enragé, pour continuer à porter haut et fort (et légèrement dissonant) la voix de toute sa communauté. Moins hype et poseur que des trucs boursouflés comme Death Grips, moins bizarroïdes que les furieux de Ho99o9, Soul Glo a opté pour une direction qui s’inscrit dans une tradition punk plus classique mais avec une sincérité et une fougue qui les positionne déjà dans la catégorie de ces grands petits groupes qui ont d'ores et déjà une influence  certaine sur leurs pairs, mais peu de visibilité auprès d’un public, même initié,  car trop souvent gavé aux productions à peau blanche et sous stéroïdes… Mais nul n’est prophète en son pays.


L'Un.


SOUL GLO : "Diaspora Problem (Epitaph. 2022)


 

jeudi 8 septembre 2022

Julian SARTORIUS : Hidden Tracks : Basel – Genêve.

 "On voyage pour que les choses surviennent et changent; sans quoi on resterait chez soi."(Nicolas Bouvier)

 

Avec un concept album qui résume à lui seul une certaine idée des vacances et qui propose un regard ludique sur ce que pourrait être une société des loisirs post-industrialisée et revenue de tout, je sens qu’on va pas trop se casser la nénette pour une rentrée qui n’a de toutes façons rien de scolaire, littéraire ou fiscale. Là, on tient à la fois le disque de batteur (sous-genre chimérique) et un disque de voyageur. Il y avait bien une 3° raison pour placer Hidden Tracks en tête de gondole des disques de cette rentrée en pénurie d’abondance, mais oubliée depuis... Ce que nous propose Julian Sartorius est d’une simplicité désarmante et tient dans un petit sac à dos : armé d’une carte topographique, de quelques baguettes, mailloches et d’un enregistreur, une longue marche entre Bâle et Genève fait le reste. Tout au long du chemin pavé de bonnes vibrations, le batteur, tel un pèlerin sans bâton mais armé de ses baguettes, collecte les sons produits par ces dernières sur un inventaire à la Prévert d’objets percussifs rencontrés au hasard des détours de bords de routes et chemins féconds ; ainsi que quelques ambiances sonores... What you hear is what you get, même si derrière se cache un travail de fin assemblage et une post-production bien ciselée. Une suite en enfilade de petites polyrythmies comme autant de petites pistes à emprunter. Elles ne mènent pas forcément quelque part, fidèles à l’adage du chemin qui est plus important que la destination. Une démarche à rapprocher de la philosophie du Fred Frith et sa poignée de cacahouètes dans les poches si joliment résumée dans Step Accross the Border ; ou encore de Geir Genssen (aka Biosphere) parti affronter l’Everest armé de son enregistreur de poche… Et dans un registre plus comparable, Julian Sartorius s’inscrit dans la ligne directe des tout aussi conceptuels Hihat In Trees, Institutrice et autre Matt Evans chroniqués l’an passé… Boucle bouclée : le disque de batteur est finalement un genre à part entière.

 

 

L'Un. 


Julian SARTORIUS : Hidden Tracks : Basel – Genêve. (EverestRecords. 2017)

 

mardi 6 septembre 2022

Mixtape solo #13

 

Tracklist

1 - Marco SHUTTLE : AfA
2 - Nicolas BERNIER : Frequencies
3 - Nicolas BERNIER : les oiseaux « a »
4 - Mica LEVI : Lipstick to void
5 - Marina ROSENFELD : Triadic
6 - SEARCH ENSEMBLE : Prescient/Legend #1
7 - ATOM : Mantra #1
8 - ACID MOTHER TEMPLE : Close encounters of the electric spirits
9 - Mira CALIX : just go
10 - NEU! :  : Gedenkeminute
11 - MUSLIMGAUZE : Port Said #1
12 - ENDLESS BOOGIE : the conversation
13 - NEU ! : Spitzenqualitat
14 - Marina ROSENFELD : Fuji tonic
15 - David SHEA : the shape of the land
16 - CONTROLLED BLEEDING : Inanition (an into)
17 - ANADOL : Istasyon plajinda bir tren batti
18 - Susan DEYHIM : Inner chant
19 - Susan DEYHIM : Chase out the devil
20 - Berke OZCAN CAN : the shepherd
21 - Stefan MILITZER & Roland ETZIN : O_live
22 - NURSE WITH WOUND : Soliloquy for Lilith #1
23 - Jan BANG Eivind ARSET DREAM LOGIC DUO : Exile from paradise
24 - Stphn BRDX : a well scrambled piano