« J'ai vu des gens commettre de grands actes de mal sans jamais être heureux, et des gens commettre de grands actes d'amour, toujours heureux » (Takiaya Reed guitariste de D//D)
Et c’est toujours la même
antienne : mais comment peut-on passer à côté d’un truc aussi essentiel
des années durant ? Chemin de croix de faux derche et papissam
habemus de rigueur, sur le chemin de la repentance. DIVIDE &
DISSOLVE : tout un programme derrière ce nom. Austère et vaguement
menaçant. Depuis presque une dizaine d’année, les deux musiciennes aux origines afro-indienne et
maori s’adonnent à la pratique d’un doom sec et minimaliste, débarrassé
de tout le folklore occulte pour se concentrer sur la puissance brute et
expiatoire du son. Insatiable donc, avec ce goût amer de requiem qui
invite l’auditeur à ressentir tout le poids des oppressions passées et de tous
les combats à venir ; celui de toutes les minorités. Une dizaine
d’histoires sans paroles comme autant d’accusations à charge libératoires qui
nous mettent dos au mur du son, sans lamentations aucunes. Depuis l'introductif
« Basic » (2017) le son de DIVIDE & DISSOLVE s'est étoffé,
délaissant ce côté sourd et rampant d'un duo doom brut de décoffrage
pour une matière de plus aérée, entrecoupée d'interludes
orchestraux. L’introductif « Hegemonic » distille de fragiles
fragments aux accents hachés de liturgie profane avant de céder la place au
culte d'une guitare fougueuse tout en aplats granuleux et de la batterie
lentement et lourdement martelée. Des cathédrales s'effondrent sous le poids de leurs assauts, quand point au loin une inquiète lueur de bienveillance... Cette mise en tension viscérale rythme l'enchainement
des morceaux et le propos sous-jacent qui oscille entre colère,
destruction et compassion. Parce qu’au final, la seule libération possible, on
l’a ancrée au plus profond des tripes. DIVIDE & DISSOLVE ? C’est un
peu SUNN O))) qui rencontre EARTH, mais avec un message mutique éminemment politique
à transmettre haut et fort.
L'Un.
DIVIDE AND DISSOLVE "Insatiable" (BellaUNion. 2025)
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