* un dubplate désigne un disque microsillon en acétate très fragile gravé en un seul exemplaire, créé à l'origine pour faire les 2 moules matricielles du futur disque, ceux des Faces "A" et "B", qui permettront de presser des disques vinyles par la suite. (wikipedia)
Sur cet Index qui compile quelques années de pratiques en
concert, le format des dubplates* reste
le support privilégié par Marina Rosenfeld pour fixer ses manipulations. Mais
on est pourtant loin de la fumée des dancefloors
jamaïcains et de leurs soundsystems saturés. Cette mise à l’Index est plutôt à caler
précautionneusement entre les travaux de Christian Marclay, eRikm ou Basinsky, et c’est plutôt sur le parquet
stratifié des galeries d’art contemporain des grandes métropoles qu’on pourra
entendre l’artiste distiller son groove discordant. Et envoutant. S’il est
difficile d’établir le lien précis entre ce support spécifique et les sources
sonores utilisées dans la démarche de l’artiste, mieux vaut se concentrer sur
le résultat final produit où forme et fond sont intimement imbriqués et
fusionnés. Les oreilles effectuent un mouvement d’aller-retour incessant entre
la main, son intention et le médium en question. Les dubplates utilisées restent une surface fragile qui se dégrade
dans le temps : les grésillements électrostatiques du matériau s’invitent
dans l’œuvre écrite/improvisée (?) pour fusionner ou batailler avec les sources
sonores initialement gravées dans l’acétate. Jeu de boucles dégradées où se télescopent
des crépitements à l’éclat sombre et granulaire. Au gré des morceaux on oscille
entre drones approximatifs d’une early-électronique
fractale et bribes d’une musique contemporaine austère et parasitée auxquelles
le son du vinyle apportera cette note de chaleur analogique, à la fois saturée
et distante.
Toute l’ironie tient peut-être dans le format commercial de
l’œuvre délivrée sous la forme aseptisée d’un compact-disc qui fige le processus
précaire pour une éternité toute relative…
L'Un
Marina ROSENFELD "Index" (Room40. 2021).
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