mercredi 11 février 2015

DISAPPEARS : "irreal".

Errare humanum est, persevare diabolicum.

Cinquième album d’un groupe de rock  austère et lumineux, dont la précision chirurgicale  ne cesse d’affiner le propos. Magistral coup de scalpel ou bluff grinçant ?
Avec l’application d'artisans et l’arrogance calculée de vieux briscards revenus de tout, les DISAPPEARS poursuivent leur exploration horizontale, qui les amène à poser leurs propres limites comme une abstraction d’eux même. Un pas de plus au bord du précipice, plus désincarné que jamais. Un clin d’œil appuyé vers le Sonic Youth des débuts, post-punk au groove froid et rigide. Rythme sec et claquant en syncope appuyée et répétitive, noyé  dans l'écho d'un dub délétère. Une touche de Can, comme une idée fugitive dérobée et ressassée à l’envi . Cliquetis métalliques d'une guitare au second plan. La voix de Brian Case abandonne là ses sarcasmes habituels pour se perdre dans une introspection comateuse.  Sorte de jam session conceptuelle,  où toutes les libertés individuelles prises s’imbriquent mécaniquement les unes à la tangente des autres, selon une imparable logique d'esquisse. A aucun moment l’identité forte du groupe ne faillit, sans pour autant qu'on ne réussisse à mettre précisément le doigt dessus.
Qui sait, si pour son prochain album, le groupe ne se frottera pas au réductionnisme le plus austère, ou tendra au contraire vers une forme béate d’ambient-music  figée : et on aimera ça.

L'Un.

Disappears : "Irreal" (Kranky. 2015).


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