vendredi 11 novembre 2011

VENETIAN SNARES : de Fuck Canada / Fuck America à Cubist Reggae


Tout ça démarre ce matin par quelques ablutions : pas de ma part, non, mais issues des enceintes en sourdine… c’est férié… ablutions sur bruits de foule en attente d’un bon live, salle de concert qu’on imagine aisément enfumée ; et oui on est en 1999. On savait ne pas interdire encore un peu à cette époque !
Ce petit instantané électroacoustique nous met en situation : nous allons écouter quelque chose de plus instinctif, vivant, que les montage habituels de Venetian Snares, et de tous bidouilleurs en home studio…quelques hurlements et cassures plus tard le ton est donné.
On est parti sur une version hurlante et saturée de la voix, accompagnant les sursauts pour ne pas dire les bégaiements de la grosse caisse. Et oui on est dans une techno breakcore, agrémentée quelques samples, extraits pour la plupart de discours et de bandes sons. Et c’était il y a dix ans : beaucoup d’albums sont passés par là. On en a beaucoup entendu et tout a un peu été dit dans cette famille musicale. Si j’en reviens là une décennie plus tard, c’est pour remarquer que tout est là, déjà. Au début du mouvement, il a martyrisé les rythmes les plus spartiates pour les rendre les plus bancals possibles. Il procède à une déstabilisation de l’auditeur, déconstruit de façon méthodique, très ordonnée finalement. C’est l’histoire de l’électronique, et l’impasse qui pointe à l’horizon qui semble motiver ce qui est une remise en question.
Plus qu’un abandon des machines, c’est une utilisation renouvelée de l’outil pour changer la pratique de création. Le musicien, mr tout le monde depuis quelques années alors, il va falloir qu’il réfléchisse s’il ne veut pas faire comme tout le monde. Les outils étant nés d’un formatage, la musique née elle-même formatée. Ils sont quelques uns à s’en rendre compte et à réagir. Aphex Twin est l’un de ceux là. L’I.D.M. au cœur d’une reflexion et d’un défoulement…
On remarque beaucoup de similarités dans leurs travaux, comme cet étonnant rapprochement de fond et de forme dans la réalisation de Windowlicker d’A.T. et Look sur Songs about Cats de V.S. : le spectogramme des morceaux montrent une représentation graphique visuelle concrète.

Pour en terminer avec cet album parmi les premiers d’AaronFunk, nom du mr Venetian, il propose les 8 premiers morceaux, les 8 suivants de Stuntrock sont conventionnels, avec le recul bien sûr : les batteries sont des échantillons entendus maintes et maintes fois, et la production plus brouillonne maîtrise moyennement la distorsion et le piège d’une électronique peu évolutive…même si Last Long Blew et quelques autres échappent à mon ire.

Tout comme le huitième morceau est construit sur une rythmique bancale et des samples de voix tremblotantes et de pets simulés, l’humour est au cœur de son travail : les vidéos, pour la plupart du complet bricolage, sont en général bien hilarantes. 

Je passe sur les superbes albums Chocolate Wheelchair (2003), les envolées de violons et violoncelles malmenées de Rossz Csillag Alatt Született (2005), et partant du principe que chaque album parvient à fournir une ou deux pépites, on trouve sur le net et dans les magazines énormément d’avis tranchés sur l’intérêt du travail du garçon. Je n’en remet pas une couche… mais arrive au dernier 4 titres sorti en vinyl cet été 2011 : Cubist Reggae.


Comme son nom l’indique, les morceaux sont emprunts de l’âme roots de la jamaïque dont Aaron aime la culture. Son travail réactualise cette âme pour la faire vibrer par les effets sonores que sont la reverb et le delay. On est loin des versions dubbées à l’anglaise : le savoir-faire du Canadien reste présent, c’est son côté « cubiste », manipulant les boutons pour retranscrire des versions live d’instrumentaux calmes sur la face A (et oui c’est un vynil…). Il maîtrise de belles basses qui vont s’avèrer de plus en plus ronflantes sur le troisième morceau « where you stopped the heaviest ». Il creuse le temps, recherche le silence en laissant traîner les effets, on le suit les yeux fermés. Les samples d’instruments à cordes répondent à la basse, c’est un des rares moments de calme dans son œuvre prolifique.
L’ultime morceau est à nouveau du dub où quelques uns de ses échantillons de sons de prédilection sont à nouveau malmenés dans une déconstruction temporelle. Le son est d’une propreté hallucinante, alors que leurs interventions sont rudes. De ce contraste, renaîssent des filets de voix et des batteries superposées jouées avec les balancements gauche-droite nous désorientant… pas mal pour du dub, nous sommes dans des superpositions que l’on pourrait imager comme des superpositions de deux films, recréant des défilements de scènes provoquant des hallucinations…

Le seul problème est que la somme des 4 morceaux dépasse à peine 16 minutes ; c’est donc frustré que j’attend une prochaine sortie discographique ; et me demande aussi qu’est devenu cette collaboration effectuée en 2009 avec John Frusciante…mystère !!!...

L'Autre

Son dernier album en écoute : my so-called life http://www.planet.mu/discography/TIMESIG001

Remix d’un morceau de black sabbath : http://www.youtube.com/watch?v=dbjy63xqlwI&feature=related

Courte interview (débile) et extrait live : http://www.youtube.com/watch?v=uJMj8UF7yYo

2 commentaires:

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  2. la collaboration avec john frusciante a donné un EP en 2010: Speed Dealer Moms, sur le label Timesig, édité par Planet Mu.
    par une écoute d'extraits, il semble bien que ce 2 titres en vinyl soit plus des morceaux electro glitch d'AaronFunk, qu'issu d'une prolifique collaboration avec le guitariste de Red Hot Chili Peppers...

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