Un
voyage en voiture, de la pluie, seul avec de la musique. Pas de distractions
autres que les aléas de la route, ce qui est déjà plus que vautré dans son
salon, j’avoue. 4 heures d’isolement empreint d’un accompagnement sonore
complice, grâce aux deux disques que je vous présente aujourd’hui. Chroniques
croisées pour deux albums solos de guitaristes émérites et sereins. Envols
apaisés en nappes volatiles, soutiens électriques de rêveries naturalistes.
L’introduction
minimaliste de Guillaume Gargaud annonce d’entrée que l’on va devoir
s’abandonner à l’écoute : une nappe sonore longue, étirée, d’apparence
simple monolithe mais construite de légères aspérités qui provoquent des sons
fantômes dans l’abandon de l’écoute : les harmoniques se succèdent,
s’enchevêtrent, construisent au creux de l’oreille de l’auditeur des mélodies.
Ce mode de composition architectural va se prolonger tout le long des morceaux
à suivre. L’ordinateur sert la composition et non l’inverse, dans le sens qu’il
se tient au service de la guitare en aménageant l’espace pour mettre en lumière
les interventions de guitare.
Mode
opératoire approchant pour le disque de Nicolas Dick (guitariste de Kill the
Thrill), qui lui ne s’est armé que d’instruments : de sa guitare pour la
majeure partie, mais aussi d’un accordéon méconnaissable tant la douceur et la
suavité séduit. Ajoutons à cela un morceau à la voix, et le morceau titre de
l’album à la pédale steel.
Loin
de l’esprit folk lui aussi, c’est l’approche naturaliste, paysagiste pourrait
on dire qui provoque la construction des morceaux. Hymnes syncrétiques où les
effets de mise en boucle sculptent un enchevêtrement d’accords, dont la bonne
partie se trouve exempt d’attaque : on n’a ni le coup de médiator ou le frottement
de la corde, mais plutôt la vibration créée. Le souffle de ce qui vient de se
produire construit le présent. Tant l’un que l’autre, les rémanences ambiantes
sont soit urbaines, tendance désert post nucléaire, où l’humain n’est plus
présent, ou de grands espaces parfois désertiques, ou bien fleuretant avec
l’aquatique, le vent dans les arbres.
Nicolas
sculpte des paysages, Guillaume navigue dans les siens. La force surgit des
travaux, créant des symboliques étranges et familières. La suggestion d’images
fonctionne à merveille. Un film s’invite au creux de nos méninges, lent
document nous soulevant de terre. Future Sound Of London n’est pas loin,
première période. L’électronique des Young Gods époque Heaven
(« only… » & « …deconstructed »), sage épilogue de
l’industriel sans vocaux. Ou encore le Baddalamenti ambiant sombre et minimal
qui provoque une angoisse rien qu’en une note.
La
poésie électrique existe donc encore, de par la légèreté, la complexité et la
sensibilité qui servent de base à l’édifice des ces deux solistes. Une petite
merveille d’horlogerie pas suisse. C’est humain, les titres des morceaux
évoquant des états, des personnes, de SHE pour Guillaume Gargaud à UNE BELLE
JOURNEE de Nicolas Dick
Un
voyage à faire, à vivre en fait, comme tous les voyages, même intérieurs.
L'Autre
désolé pas d'autre lien d'écoute que MS de M....
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