dimanche 6 mai 2012

chronique croisée: Guillaume Gargaud / Nicolas Dick


Un voyage en voiture, de la pluie, seul avec de la musique. Pas de distractions autres que les aléas de la route, ce qui est déjà plus que vautré dans son salon, j’avoue. 4 heures d’isolement empreint d’un accompagnement sonore complice, grâce aux deux disques que je vous présente aujourd’hui. Chroniques croisées pour deux albums solos de guitaristes émérites et sereins. Envols apaisés en nappes volatiles, soutiens électriques de rêveries naturalistes.
L’introduction minimaliste de Guillaume Gargaud annonce d’entrée que l’on va devoir s’abandonner à l’écoute : une nappe sonore longue, étirée, d’apparence simple monolithe mais construite de légères aspérités qui provoquent des sons fantômes dans l’abandon de l’écoute : les harmoniques se succèdent, s’enchevêtrent, construisent au creux de l’oreille de l’auditeur des mélodies. Ce mode de composition architectural va se prolonger tout le long des morceaux à suivre. L’ordinateur sert la composition et non l’inverse, dans le sens qu’il se tient au service de la guitare en aménageant l’espace pour mettre en lumière les interventions de guitare.
Mode opératoire approchant pour le disque de Nicolas Dick (guitariste de Kill the Thrill), qui lui ne s’est armé que d’instruments : de sa guitare pour la majeure partie, mais aussi d’un accordéon méconnaissable tant la douceur et la suavité séduit. Ajoutons à cela un morceau à la voix, et le morceau titre de l’album à la pédale steel.
Loin de l’esprit folk lui aussi, c’est l’approche naturaliste, paysagiste pourrait on dire qui provoque la construction des morceaux. Hymnes syncrétiques où les effets de mise en boucle sculptent un enchevêtrement d’accords, dont la bonne partie se trouve exempt d’attaque : on n’a ni le coup de médiator ou le frottement de la corde, mais plutôt la vibration créée. Le souffle de ce qui vient de se produire construit le présent. Tant l’un que l’autre, les rémanences ambiantes sont soit urbaines, tendance désert post nucléaire, où l’humain n’est plus présent, ou de grands espaces parfois désertiques, ou bien fleuretant avec l’aquatique, le vent dans les arbres.
Nicolas sculpte des paysages, Guillaume navigue dans les siens. La force surgit des travaux, créant des symboliques étranges et familières. La suggestion d’images fonctionne à merveille. Un film s’invite au creux de nos méninges, lent document nous soulevant de terre. Future Sound Of London n’est pas loin, première période. L’électronique des Young Gods époque Heaven (« only… » & « …deconstructed »), sage épilogue de l’industriel sans vocaux. Ou encore le Baddalamenti ambiant sombre et minimal qui provoque une angoisse rien qu’en une note.
La poésie électrique existe donc encore, de par la légèreté, la complexité et la sensibilité qui servent de base à l’édifice des ces deux solistes. Une petite merveille d’horlogerie pas suisse. C’est humain, les titres des morceaux évoquant des états, des personnes, de SHE pour Guillaume Gargaud à UNE BELLE JOURNEE de Nicolas Dick
Un voyage à faire, à vivre en fait, comme tous les voyages, même intérieurs.

L'Autre

http://www.myspace.com/nicolasdick 
sur LES DISQUES DE PLOMB
désolé pas d'autre lien d'écoute que MS de M....

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