Le
dispositif est simple : à la façon d’un plateau tv, un débat est engagé
entre des activistes de la scène improvisée japonaise : une douzaine de
visages faiblement éclairés, mise en scène sobre, sans vrais décors ; des
personnages pris sur le vif, attablés comme pour un bon repas en somme… et cela
pour aborder des thèmes certes pas originaux de par leur problématique, mais
d’un intérêt fort quant aux angles d’analyses présentés.
De
par son histoire, la musique japonaise est déjà originale par nature, elle
l’est aussi par les instruments utilisés, mais elle l’est surtout par le manque
d’emprise qu’a pu avoir la pop musique durant un long temps sur la création.
Pas de format, juste des inspirations, des émergences, des échos à ce qui se
fait ailleurs. En fait la musique japonaise d’aujourd’hui a su montrer plus
encore que d’autres médias, sa grande liberté, et son absence de limites :
ses acteurs ont fait preuve au fil des décennies d’une maturité doublée d’une
puissance scénique issue d’une désinhibition totale. Et l’on peut dire que la
scène noise et improvisée est particulièrement prolixe. Je ne vais pas citer
des noms mais le lien ci-dessous vous emmènera sur un répertoire des plus
importantes personnalités. Et ne ratez pas l’extrait d’un live improvisé à la
sortie de dvd au Japon, y’a bon !
Le
documentaire « we don’t care » donne à entendre quelque uns de ces
musiciens en exercice : instrumentistes, bidouilleurs de sons,
performeurs, plusieurs générations sont côte à côte et se portent de façon
attendrissante un profond respect mutuel… d’autant que leurs approches montrent
un nombre important de points communs qui nous les présentent finalement comme
une grande famille. Pas de bagarre à la fin de ce repas de mariage ici, on est
entre gens qui savent vivre, et bien.
Le
réalisateur, effacé pour mieux les inviter à librement parler, les met en scène
cependant par de petites scénettes d’improvisation musicales dans un lieu de
leur choix (canche, bâtiment industriel, appartement, cave…) : bien vu car
il est encore plus parlant de les voir avec leur moyen d’expression de
prédilection dans un environnement subjectif : par leur choix déjà et
aussi par leur identité sonore. On en apprend ainsi un peu plus sur l’empreinte
de Tokyo sur ses habitants.
C’est
souvent le sourire aux lèvres que les improvisations mélangent leurs sons à
ceux de la ville, aux résonances minérales. Et ces petites scènes dialoguent d’elles-mêmes
avec les discussions autour de la table. On en apprend beaucoup, et on écoute
silencieusement ce qui vient de cette fenêtre sur les antipodes, pas si
éloignées que cela. l'influence d'Otomo Yoshihide en Europe est extraordinaire par exemple...
Ma
scène préférée ? peut-etre celle dans l’usine abandonnée, au violoncelle…et
vous ? la scène de la plage?
L'Autre
Site de musiciens japonais :
http://www.japanimprov.com/
Site
du documentaire: http://www.studio-shaiprod.com/blog/
Le
trailer : http://vimeo.com/7964453
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire