Le père, Peter, officie aux saxos et anches folles depuis plus de 40 ans à la tête d'une sorte d'avant-garde européenne free et radicale.
Caspar, enfant.
Ingurgiter l'excès sonore, la dissonance comme art de vivre brut et austère.
Un modèle implacable. Adolescent, on manipule une guitare, on gratouille et prend la pose devant le miroir.
Caspar, ado, lui se saisit de l'instrument et s'absorbe à le démonter pour mieux dé-construire. En atteindre la substantifique moelle...
Tuer le Père.
Communier avec lui.
Instrument vaudou.
Et puis de monter un groupe... C'est normal : c'est le triste Berlin, de la fin des 80's, pendant que tombe le Mur, pendant qu'on se fait chier. Kreuzberg... Tempelhof... On monte un groupe.
Une basse ronflante, une batterie lente et appuyée ; une structure rythmique massive et solide qui colle au cadre des échappées austères d'une guitare folle et vengeresse .
Le Caspar Brötzmann Massaker c'est la redescente de trip lourde et brutale d'un Hendrix qui se réveillerait un matin d'hiver à Berlin avec les gars d'Eintuerzende Neubauten et Nick Cave pour compagnons de comptoirs embués...
Salve de notes acides comme une pluie, chape plombée sur la Forêt Noire.
Une technicité appliquée qui s'efface pour laisser la transe rituelle, froide et mécanique de mise en abîme prendre le dessus. Point de guitar hero mais une guitare héroïque à l'onirisme sauvage et contrôlé.
Claustrophobie de paysages industriels en berne traversés de violents électrochocs. Musique de haut-fourneaux.
Rigueur teutonne rencontre fougue d'un free rock échevelé, un peu comme le mauvais mélange de bière et de whisky bon marché dans un verre en cristal ébréché... Ou exactement son contraire.
Largement sous-estimé, donc hautement recommandé.
L'Un
du son sur :
http://www.myspace.com/casparbroetzmannmassaker
et un peu d'image :
http://www.youtube.com/watch?v=bM2sVpIUCCE
Caspar Brötzmann Massaker - "Koksofen" (homestead. 1993)
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