"Great things can be done, when men and mountains meet". William Blake.
Le Disque de Batteur est devenu une catégorie à part entière
dans les pages de ce blog. Non par quelconque fixation suspecte et
obsessionnelle sur le sujet : c’est le plus souvent lié à une heureuse rencontre,
fertile découverte sur une Toile féconde... Peut-être aussi (et surtout) parce que
les batteurs défroqués en question savent insuffler une part de groove dans
leurs mélodies, mélopées et autres harmonies. Ou son contraire. Disque de
voyage aussi ; et de voyageur semble-t ’il. Berke Can Özcan est basé à Istanbul.
Babel ouverte où se croisent les gens, bazars de musiques et autres magasins d’épices,
on forge des cymbales comme on respire, et on regarde le promeneur passer ; et
de longue date. Ceci explique peut-être le profil cosmopolite de ce batteur
doux rêveur. Il peut croiser le fer dans le (très bon) open-rock de Big Times
Big Beats ou se bercer dans les improvisations éthérées au sein de la formation
Marika ou free-jazzer ( !) avec le power trio Konstrukt (ce dernier jamais
avare en collaborations et rencontres au sommet pour un jam à l’arrache), mais
on sent bien que ses préoccupations et son petit monde intérieur peuvent amplement
se suffire à eux-mêmes et peuvent ainsi alimenter conversations et soliloques.
Et quelques aventures sonores en solo…. Avec ses délicates vignettes bricolées,
une douce silhouette montagneuse aux contours évanescents se profile dans nos
oreilles brumeuses, résultat de quelques errances, field-recordings heureux et
autres méditations statiques. La palette d’instrument utilisés est bien
physique et va d’un vieil harmonium (qui sonne comme un vieil harmonium selon
l’artiste !) et autre vibraphone jusqu’à une sélection de percussions plus
ou moins conventionnelles : qui n’a pas entendu la résonance d’un pot de
fleur suspendu n’aura jamais vraiment complété son expérience sensorielle… En
explosant le cadre de ses instruments de la sorte, Berke Can Özcan s’affranchit
clairement de toute étiquette. Loin de toute forme d’ambient ou de new age mais
au plus près de la nature des choses, les présents reliefs méditatifs se
revendiquent plus de l’étiquette des doux rêveurs et autres compagnons de route
que sont ou ont été des Klimperei, quelque part, Gentleman Losers, bien sûrThomas Belhom et Andrea Belfi ou
pourquoi pas les... Woo ?! Communion des hauts sommets, s’il en est, à
transcrire des topographies intimes qui n’existent que dans l’imagination de
l’auditeur et du musicien. Sorte de gamelan naturaliste et bricolé qui vient en
résonance à l’écart du bruit de ce monde.
L'Un.
Berke
Can Özcan : "Mountains are mountains" (BohemianDrips. 2021)
impossible d'incrémenter un clip sur l'interface, alors le son, c'est LA !!
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