"Vous ne pouvez pas faire mieux que deux guitares, une basse et une batterie" (Lou fucking Reed)
Y en a toujours pour penser que
le rock est mort avec l’apparition de la techno, d’autres après la disparition
de Kurt Cobain, tandis que la frange des plus irréductibles maintient que le
rock a été enterré quelque part à la fin des années 70’s. Tout ça ne nous ramènera
pas Joe Dassin mais le débat stérile est toujours ouvert, et toutes les
décennies les médias nous annoncent son retour sous la forme de messies encore
juvéniles, blouson en cuir de rigueur et quelques frasques à leur actif avant
le flop du 2° album. Dire que Birds of Maya est la nouvelle sensation de ce début
de millénaire morose et apocalyptique est peut-être un peu présomptueux, même
si Pitchfork leur a filé sa bénédiction. En fait personne n’en a entendu
parler, ce qui colle bien au propos : on a là à faire à une bonne tranche
de rock velu et graisseux, tout droit sorti d’un garage d’un pavillon de
banlieue anonyme. Voilà pour la légende. Côté bio, savoir que Birds of Maya est
constitué d’un transfuge de Purling Hiss, groupe assez récent qui entretenait
la flamme d’un certain rock indé 90’s (à ranger, au pif, pas loin d’un Dinosaur
Jr.) ne renseignera en rien sauf sur un goût immodéré pour ces longues plages
de solo sur-électrifiées et baveuses à souhait. On pense très fort (et on le
lit partout…) « Stooges » ou stoogien
pour qualifier cette petite perle cryptique. Difficile à contourner, certes, mais
alors on parle alors de Raw Power, même s’il faut plutôt piocher dans le panier
de crabes des enregistrements pirates de l’Iguane, les plus cradingues si
possible. La main du diable, elle, s’invite avec ce riff éhontément sabbathien
de la seule cavalcade de l’album qui ne dépasse pas 3mn sur BFIOU. Pour le
reste, il faut se caler ferme au comptoir avec quelques pintes de tièdes et
avaler le bitume d’une longue avenue borgne jusqu‘à ce point de non-retour de
Please Come In qui martèle le propos quitte à se faire saigner les doigts et
les oreilles. La recette est bien rodée, à puiser dans les archives saturées
sans trop chercher à se renouveler et sonner « actuel » à tout prix ;
et en ce, il y a un parallèle évident à faire avec Endless Boogie qui lui aussi
ne cesse d’hypnotiser son auditoire avec trois bouts de ficelles, une bonne
vieille disto et surtout une foi inébranlable…. Pour résumer, ce Valdez il est grave trippé, à la fois abrasif et roboratif. Pas forcément ce qu’il y a de plus
calibré pour notre époque sans souffle épique, ni des plus digestes non plus :
mais pour ça il nous reste la bière tiède en sous-sol.
L'Un.
Birds of Maya "Valdez" (DragCity. 2021)
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