samedi 29 janvier 2022

FLOATING POINTS & PHAROAH SANDERS "PROMISES"

Many times, people think I might be asleep.... but in fact, I am just listenning to music in my head. I'm always listening... to the sounds around me... (Pharoah Sanders)

 

 J’avoue ne pas connaitre l’électronique fouillée et perméable de Floating Points (aka Sam Sheperd), mais pour ce qui est de Pharoah Sanders, ça relève là du mythe… Dernier compagnon de route du Trane, « ténor » (ou héraut) d’un jazz aux connotation spirituelles et syncrétiques dont la bonhomie du personnage achèvera de convaincre le dernier païen. Rencontre singulière entre ces deux défricheurs introspectifs. Ce n’est pas un clash de titans et encore moins de style ou de génération. D’ailleurs on peut laisser les grincheux asséner que Pharoah Sanders, c’était mieux avant, hein. Certes, mais pendant ce temps, le Pharoah Sanders en question sortait d’un silence qui aura duré près de deux décennies pour tripper récemment sur un des albums de Floating Points au gré de ses rêveries musicales : certains évoluent et se laissent porter par l’air du temps quand d’autres se complaisent dans la sclérose confortable du clinquant d’un passé fantasmé (ndlr : pas sûr au passage que beaucoup de grincheux s’enquillent Tauhid au petit dej’, comme d’autres aiment l’odeur du napalm au petit matin, mais bon…). Mieux vaut s’affranchir de tout jugement de valeur ou référence pour simplement laisser notre curiosité ouverte encore intacte s’imprégner de cette vibration sensible et flottante : leur terrain d’entente se situe bien au-delà de leurs univers respectifs. Tout commence avec une sorte d’arpège fragile et délié, flux et reflux d’une même vague qui s’étire. Tel un mantra interrogateur, son empreinte obsédante marque tous les mouvements de Promises, même lorsque son absence se fait entendre. On sent poindre les arrangements de l’orchestre symphonique en contrepoint discret. Sanders lui, pose son ténor avec des phrasés d’une douceur presque palpable, souffle fragile.  L’improvisation se veut sèche plutôt que fleuve. C’est parfois sa voix qui prend naturellement le relais dans un flot de petites incantations susurrées et roulées en boules. Pareille humilité dans son approche trahit quelques décennies de pratique assidue du saxophone mais aussi un apprentissage prolongé du silence interrogateur. Une belle errance qui se prolonge au fil de l’eau… Climax, s’il en est, dans les derniers mouvements qui vous étreignent dramatiquement à la manière d’une bonne vieille B.O des années 70’s flamboyantes… Sérénité d’une petite musique de nuit à mille lieues de la rumeur hystérique d’un monde actuel plein de faux-fuyants. Une fausse bonne question globalement inutile serait de savoir si Mozart ou Coltrane auraient eux aussi participé à ce beau projet au crépuscule de leur vie….

 

L'Un.

 

Floating Points & Pharoah Sanders "Promises" (LuakaBop. 2021)

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