La formule des très discrets The DRIFT
fonctionnait plutôt bien en proposant ce qu'il est convenu
d'appeler un honnête post-rock planant aux vagues relents
jazzeux du simple fait de la présence d'une trompette qui donnait le
ton en se posant au dessus de la section rythmique « classique »
(basse – batterie - guitares/clavier). Fonctionnait discrètement
bien jusqu'à la la disparition brutale du trompettiste, des suites
de ce qu'il est convenu d'appeler pudiquement « une longue
maladie ».
Comment alors continuer lorsque le
carré du quartette a perdu un côté ? Peut-être sans fanfare ni
trompette, et sans mauvais jeu de mots.
Là où d'autres auraient arrêté, ou,
pire, remplacé le trompettiste, le trio de facto, continue
sous cette formule, hommage idoine et (toujours) discret.
On fait table rase d'une formule
éprouvée et impossible à re-convoquer donc pour proposer un
catharsique Blue Hour.
Le trio recentre sa musique sur des
structures rythmiques simples et hypnotiques. « Dark Passage »
en ouverture en est la parfaite illustration. Au contraire, du
précédent album, la dynamique du duo basse - batterie porte et
entraine les touches colorées de la guitare, qui ne se substitue en
rien à l'instrument défunt, installant à la place un
enchevêtrement de nappes oscillant aux confins de l'air et de l'eau.
On pourrait arguer d'une très
improbable ressemblance, avec JOY DIVISION ou le « 17 seconds »
des CURE. Pour une certaine ambiance ; nullement l'influence.
Mais le ton donné n'est en rien
sépulcral ou appesanti, loin
d'un De Profundis
électrifié.
On sent plutôt une volonté affirmée
de nous emmener quelque part, entre tension et retenue ; vers un point lumineux.
Rapide examen des titres pour
élément de réponse : tous évoquent non le décès et la tristesse
qu'on y associe généralement, mais la notion de passage (« Dark
Passage », bien sûr..., « Horizon ») de la vie
vers ce qu'il y a ou non après la mort (« Continuum »).
Des titres comme « Bardo 1 » et 2 font clairement
référence au Livre des Morts Tibétains et de ce voyage post-mortem
(qui conduit à la réincarnation mais là, c'est une autre
histoire). Energies canalisées errant dans un tunnel sonore avec, au
bout cet évident « Luminous Friend », suivi d'un « Hello
From Everywhere », à la fois syncopé et apaisé.
Le groupe semble ainsi avoir suivi un
chemin parallèle, à la tangente d'un au delà, pour mieux
accompagner et veiller son mort, tout en trouvant cette voie qui
reste à tracer, un monde infini de promesses en devenir devant soi
(… les échos trippés à la Laddio Bolocko de « Fountain »...).
L'Heure Bleue chez les
photographes, c'est cet instant ténu entre chien et loup où
flotte une belle lumière indécise.
L'Un
The Drift : "Blue Hour" (Temporary Residence. 2011).
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