Tout
ça démarre ce matin par quelques ablutions : pas de ma part, non, mais
issues des enceintes en sourdine… c’est férié… ablutions sur bruits de foule en
attente d’un bon live, salle de concert qu’on imagine aisément enfumée ;
et oui on est en 1999. On savait ne pas interdire encore un peu à cette
époque !
Ce
petit instantané électroacoustique nous met en situation : nous allons
écouter quelque chose de plus instinctif, vivant, que les montage habituels de
Venetian Snares, et de tous bidouilleurs en home studio…quelques hurlements et
cassures plus tard le ton est donné.
On
est parti sur une version hurlante et saturée de la voix, accompagnant les
sursauts pour ne pas dire les bégaiements de la grosse caisse. Et oui on est
dans une techno breakcore, agrémentée quelques samples, extraits pour la
plupart de discours et de bandes sons. Et c’était il y a dix ans :
beaucoup d’albums sont passés par là. On en a beaucoup entendu et tout a un peu été dit
dans cette famille musicale. Si j’en reviens là une décennie plus tard, c’est
pour remarquer que tout est là, déjà. Au début du mouvement, il a martyrisé les
rythmes les plus spartiates pour les rendre les plus bancals possibles. Il
procède à une déstabilisation de l’auditeur, déconstruit de façon méthodique,
très ordonnée finalement. C’est l’histoire de l’électronique, et l’impasse qui
pointe à l’horizon qui semble motiver ce qui est une remise en question.
Plus
qu’un abandon des machines, c’est une utilisation renouvelée de l’outil pour
changer la pratique de création. Le musicien, mr tout le monde depuis quelques
années alors, il va falloir qu’il réfléchisse s’il ne veut pas faire comme tout
le monde. Les outils étant nés d’un formatage, la musique née elle-même
formatée. Ils sont quelques uns à s’en rendre compte et à réagir. Aphex Twin
est l’un de ceux là. L’I.D.M. au cœur d’une reflexion et d’un défoulement…
On
remarque beaucoup de similarités dans leurs travaux, comme cet étonnant
rapprochement de fond et de forme dans la réalisation de Windowlicker d’A.T. et
Look sur Songs about Cats de V.S. : le spectogramme des morceaux montrent
une représentation graphique visuelle concrète.
Pour
en terminer avec cet album parmi les premiers d’AaronFunk, nom du mr Venetian,
il propose les 8 premiers morceaux, les 8 suivants de Stuntrock sont
conventionnels, avec le recul bien sûr : les batteries sont des
échantillons entendus maintes et maintes fois, et la production plus
brouillonne maîtrise moyennement la distorsion et le piège d’une électronique
peu évolutive…même si Last Long Blew et quelques autres échappent à mon ire.
Tout
comme le huitième morceau est construit sur une rythmique bancale et des
samples de voix tremblotantes et de pets simulés, l’humour est au cœur de son
travail : les vidéos, pour la plupart du complet bricolage, sont en général
bien hilarantes.
Je
passe sur les superbes albums Chocolate Wheelchair (2003), les envolées de
violons et violoncelles malmenées de Rossz
Csillag Alatt Született (2005), et partant du principe que chaque album
parvient à fournir une ou deux pépites, on trouve sur le net et dans les
magazines énormément d’avis tranchés sur l’intérêt du travail du garçon. Je n’en
remet pas une couche… mais arrive au dernier 4 titres sorti en vinyl cet été
2011 : Cubist Reggae.
Comme son nom l’indique, les morceaux sont emprunts
de l’âme roots de la jamaïque dont Aaron aime la culture. Son travail réactualise
cette âme pour la faire vibrer par les effets sonores que sont la reverb et le
delay. On est loin des versions dubbées à l’anglaise : le savoir-faire du
Canadien reste présent, c’est son côté « cubiste », manipulant les
boutons pour retranscrire des versions live d’instrumentaux calmes sur la face
A (et oui c’est un vynil…). Il maîtrise de belles basses qui vont s’avèrer de
plus en plus ronflantes sur le troisième morceau « where you stopped the
heaviest ». Il creuse le temps, recherche le silence en laissant traîner
les effets, on le suit les yeux fermés. Les samples d’instruments à cordes
répondent à la basse, c’est un des rares moments de calme dans son œuvre prolifique.
L’ultime morceau est à nouveau du dub où quelques
uns de ses échantillons de sons de prédilection sont à nouveau malmenés dans
une déconstruction temporelle. Le son est d’une propreté hallucinante, alors
que leurs interventions sont rudes. De ce contraste, renaîssent des filets de
voix et des batteries superposées jouées avec les balancements gauche-droite
nous désorientant… pas mal pour du dub, nous sommes dans des superpositions que
l’on pourrait imager comme des superpositions de deux films, recréant des
défilements de scènes provoquant des hallucinations…
Le seul problème est que la somme des 4 morceaux
dépasse à peine 16 minutes ; c’est donc frustré que j’attend une prochaine
sortie discographique ; et me demande aussi qu’est devenu cette
collaboration effectuée en 2009 avec John Frusciante…mystère !!!...
L'Autre
Cubist
Reggae : http://www.planet.mu/discography/ZIQ299
Son dernier album en écoute : my so-called life
http://www.planet.mu/discography/TIMESIG001
Remix d’un morceau de black sabbath : http://www.youtube.com/watch?v=dbjy63xqlwI&feature=related
Courte interview (débile) et extrait live : http://www.youtube.com/watch?v=uJMj8UF7yYo
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RépondreSupprimerla collaboration avec john frusciante a donné un EP en 2010: Speed Dealer Moms, sur le label Timesig, édité par Planet Mu.
RépondreSupprimerpar une écoute d'extraits, il semble bien que ce 2 titres en vinyl soit plus des morceaux electro glitch d'AaronFunk, qu'issu d'une prolifique collaboration avec le guitariste de Red Hot Chili Peppers...